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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/651

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UNE CONJURATION D’AUTREFOIS.

Porcius Læca, le député des Allobroges, Bestia, Caius Cæsar ?

CURIUS.

Seul absent. Il est chez la sœur de Caton.

CATILINA.

N’importe. Vous tous ici présens, écoutez : votre fidélité m’est connue, et sans elle, je n’aurais pas tenté une si grande entreprise. Nous avons mis en commun les biens et les maux ; ce que vous voulez, je le veux, ce que vous ne voulez pas, je ne le veux pas. Cette conformité de haine et de sympathie, c’est l’amitié. Déjà chacun de vous a connu mes projets, notre sort à venir en demande la prompte exécution. La république est échue aux mains d’un petit nombre. Rois et peuples sont leurs tributaires. Quant à nous, hommes de cœur, nobles ou plébéiens, nous ne sommes qu’une foule sans nom, sans pouvoir, sans crédit, soumis à ceux qui trembleraient devant nous, si la bonne cause triomphait. À eux la puissance, les honneurs, l’argent, à eux, ou aux leurs ; à nous les rebuts, les dangers, les poursuites judiciaires, la misère.

LES CONJURÉS.

Il dit vrai.

FULVIE, à Curius.

Il parle bien, mais cet enfant rôti ; quand va-t-on le servir ? Je m’ennuie.

CURIUS.

Écoute.

CATILINA.

Souffrirons-nous toujours ?

CURIUS, buvant.

Oui, souffrirons-nous toujours ?

L’ALLOBROGE.

Le peuple meurt de faim. (À Vercingetorix.) Verse à boire. Oui ! oui ! souffrirons-nous toujours ?

CATILINA.

Mieux vaut mourir courageusement, que de marchander une vie d’opprobre et de misères ; n’en doutons pas, la victoire est dans nos mains, nous tous, jeunes de corps et de cœur, contre ceux que l’or a vieillis plus que l’âge. Pour en finir, il ne faut que commencer. Comment être homme et souffrir qu’ils aient des ri-