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FÊTES DE LA JURA.

ans ! — Était-ce légèreté ou sagesse ? était-ce faiblesse ou courage ? — Qui sait ? Mais du moins, si résolu qu’il eût été d’avance à ce sacrifice, il ne l’avait pas consommé sans qu’il lui en coûtât quelque trouble et quelques derniers combats.

La sérénissime princesse, jolie petite fille blonde et blanche, que sa nourrice, qui se tenait debout derrière elle, s’était efforcée d’amuser toute cette longue séance avec ses hochets de diamans, avait plus d’une fois voulu descendre de son trône pour aller jouer sur le tapis aux genoux de sa mère ; et l’on avait entendu le roi murmurer et en témoigner son impatience. — Elle avait aussi pleuré souvent lorsqu’on lui baisait la main ! — Pauvre enfant ! — elle pleurait, et pourtant elle ne savait pas qu’on lui mettait sur la tête une couronne, et une couronne qui serait bien lourde à porter, — qui la ferait tomber peut-être, et ne garantirait plus alors son jeune front comme les bourrelets qu’elle quittait à peine, — mais le briserait.

iii.
L’ENTRÉE PUBLIQUE.


L’entrée publique avait un sens autrefois, parce qu’après la jura de l’héritier du trône, la famille royale entrait effectivement à Madrid, venant du Buen-Retiro, qui alors était hors de la ville. Aujourd’hui que le cortège sort tout simplement du palais, qui est dans la ville, l’entrée publique n’est plus, si vous voulez, qu’une vieille coutume assez peu raisonnable. Que nous importe ? L’entrée du 21 juin fut, au moins, une promenade magnifique, et qui rappelait bien tout l’ancien luxe des rois de l’Espagne et des Indes.

Il était sept heures du soir, il faisait jour encore, lorsque la tête du cortège se mit en mouvement.

Le timbalier, les clarinettes, les massiers et les douze alguazils de la villa ouvraient la marche, tous à cheval et revêtus de leurs costumes d’étiquette : les massiers avec leurs tuniques et leurs toques rouges, les alguazils avec le petit manteau, le justaucorps de