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VERS INÉDITS


D’ANDRÉ CHÉNIER.

Il va paraître d’ici à peu de jours[1] une édition des poésies d’André Chénier, plus complète que les précédentes. M. de Latouche, dans un article qui sert de supplément à sa notice sur le poète, avait déjà fait connaître plusieurs de ces fragmens et de ces ébauches qui n’avaient pas été comprises dans la première édition. Pour ne donner ici que des morceaux tout-à-fait inédits, nous nous bornerons aux suivans. La pièce à mademoiselle de Coigny rappellera à tout le monde par sa grace innocente et discrète ce que l’auteur de Stello nous a naguère appris sur ces délicates amours. Les autres morceaux ne sont que des pensées isolées, des imitations de passages antiques, des pierres précieuses à demi taillées, et qui eussent sans doute trouvé place dans quelque ensemble. C’est ainsi que, par une heureuse inadvertance, on a laissé dans les fragmens nouveaux le développement de cette pensée :

Qui ne sait être pauvre est né pour l’esclavage, etc.,
que le poète a depuis enchâssé sans presque aucun changement dans l’élégie seizième. De même, probablement, la plupart de ces petits fragmens et tableaux étaient destinés à figurer ailleurs. On aime à surprendre ainsi le mystère et les degrés de la création dans les œuvres du génie. C’est pour
  1. Chez Charpentier, rue Montesquiou, 4, et Renduel, rue des Grands-Augustins. Cette édition formera deux beaux volumes in-8o, et contient près de six cents vers inédits.