Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
REVUE DES DEUX MONDES.

couant à terre le pan de votre manteau terni : Mes gendres, où donc est Charlemagne ? Par où est-il passé, sans héraults ni pages, notre empereur, qui tenait tout à l’heure son globe dans sa main, comme un faucon qui dort ? (En se mêlant à la ronde.) Christ ! Christ ! puisque vous m’avez trompé, rendez-moi mes cent monastères cachés dans les Ardennes ; rendez-moi mes cloches dorées, baptisées de mon nom, mes châsses et mes chapelles, mes bannières filées par le rouet de Berthe, mes ciboires de vermeil, et mes peuples agenouillés de Roncevaux jusqu’à la Forêt-Noire !

LA CATHÉDRALE.

Dans la vallée ombreuse qui mène en Italie, je connais une grotte plus cachée que tes cent monastères ; je connais sur les monts un pic plus haut que tes clochers ; les nuages, en été, flottent mieux que tes bannières filées par le rouet de Berthe ; la rosée est plus fraîche sur une marguerite de Linange que dans tes ciboires de vermeil, et les flots de l’Océan sont mieux courbés vers terre que tes peuples de Roncevaux jusqu’à la Forêt-Noire.

CHŒUR DES FEMMES.

Rendez-nous à nous nos soupirs et nos larmes !

LA CATHÉDRALE.

Les vents aussi ont des soupirs quand c’est le soir : demandez vos soupirs aux vents. Les grottes aussi ont des larmes qu’elles distillent goutte à goutte : demandez vos larmes aux grottes.

CHŒUR DES ENFANS.

Rendez-nous à nous nos couronnes de fleurs ; rendez-nous nos corbeilles de roses que nous avons jetées à la Fête-Dieu sur le chemin des prêtres !

LA CATHÉDRALE.

Il y a des roses de pierre sur ma tige ; il y a des guirlandes de pierre autour de ma tête. Enfans, si vous pouvez, découronnez ma tête et reprenez vos roses sur ma tige.

LE PAPE GRÉGROIRE vii.

Et moi, qu’ai-je à faire à présent de ma double croix et de ma triple couronne ? Les morts s’assemblent autour de moi pour que je donne à chacun la portion de néant qui lui revient… Malheur ! le paradis, l’enfer, le purgatoire n’étaient que dans mon ame ; la