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la Guirlande à Julie, qui rendit jadis mademoiselle de Rambouillet si célèbre. M. Barthélemy, qui excelle dans le genre doux et galant, contribuera bien pour quelques madrigaux à cette œuvre. Au reste, M. Thiers n’encourage pas seulement les peintres et les poètes ; au milieu de ses graves occupations, entre ses affaires de cour et de cœur, il a trouvé encore quelques heures à donner cette semaine à la lecture d’une comédie nouvelle de MM. Empis et Mazères. Le duc de Bassano, M. de Celles et quelques femmes d’esprit assistaient à cette lecture, et nous savons de bonne source que cette pièce a été trouvée très plaisante et très spirituelle. M. Thiers lui-même a été de cet avis. On l’a entendu dire aux auteurs qu’il se souvenait d’une de leurs meilleures comédies intitulée la Mère et la Fille : « Je ne vous cache pas, messieurs, a-t-il ajouté avec beaucoup de grace, que j’ai dû à la Mère et la Fille mes plus agréables momens. »

M. le ministre des finances ne s’est pas montré aussi galant envers son collègue, M. Thiers, que les peintres et les écrivains. M. Humann avait émis plusieurs fois, en qualité de rapporteur du budget, le vœu de supprimer les deux recettes générales, voisines du département de la Seine, comme l’avait été celle de Paris, à la mort du receveur-général de la Seine, M. Lapeyrière. Les receveurs d’arrondissement de Melun et de Versailles eussent versé leurs fonds directement au trésor, comme font aujourd’hui les receveurs de Paris ; et cette économie qui avait paru fort juste et fort raisonnable à M. Humann, lorsqu’il était député de l’opposition, lui semble encore telle aujourd’hui qu’il se trouve ministre des finances. Il faut rendre justice à M. Humann. Il est peu d’hommes plus équitables et plus inflexibles que lui, quand ses intérêts ne sont pas en jeu dans une affaire. M. Humann avait donc déjà décidé que la recette générale du département de Seine-et-Oise, vacante par la mort de M. Saulty, serait supprimée, et qu’il en serait ainsi de la recette de Melun, à la mort de celui qui l’occupe. M. Humann avait oublié une chose. C’est que M. Thiers se dispose à devenir gendre de M. Dosne, nommé autrefois, par ses soins, receveur-général du Finistère. Or, les propriétés de M. Dosne sont situées près de Mantes, dans le département de Seine-et-Oise, dont la belle recette se trouve si à propos vacante, et M. Thiers avait à peu près promis la mutation à son beau-père. Cette promesse avait été même garantie en haut lieu, dit-on ; car on hésite encore à faire de M. Dosne un pair de France. M. Humann a été fort mal reçu, on pense bien, avec ses propositions d’économie, et l’on est fort occupé à lui faire entendre raison sur cette affaire. M. Humann est en général un peu opiniâtre ; mais on espère qu’il ne se montrera pas inexorable en cette cir-