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de sagacité, le crédit de 100,000,000 qui lui a été accordé par les chambres. Une dépense de 120,000 fr. environ vient d’être faite en embellissemens relatifs à la cour de cassation. Il y avait au Palais de Justice un long corridor conduisant à la galerie extérieure, où se trouvent les boutiques et la chambre des requêtes. Un architecte du ministère y a découvert une longue poutre et deux traverses dont l’existence remonte au règne de Saint-Louis. Ne fallait-il pas embellir le corridor, afin de le rendre digne de trésors si précieux ? Il a donc été transformé en galerie ornée de vitraux qui interceptent le peu de jour qui l’éclairait. Seize fausses portes ont été sculptées et dorées dans l’intention, probablement, de dissimuler les quatre portes véritables. Elles ont coûté chacune, assure-t-on, 800 fr. Comme ornement, une demi-douzaine de pommes en cuivre figurent à chaque porte. Que Dieu donne patience aux pauvres cliens, lorsqu’il leur faudra successivement essayer toutes les poignées, dont une seule est mobile ! Autrefois, on voyait tout d’abord, entrant dans le corridor, écrit en gros caractères modernes : Greffe, chambre des requêtes, etc., ce qui était peu convenable, eu égard à l’antiquité de la longue poutre et des deux traverses. Il fallait cependant indiquer les véritables portes au milieu de ces vingt portes jumelles. On a tout concilié en inscrivant l’indication en petits caractères gothiques. Tant pis pour les ignorans qui ne sauraient déchiffrer cette écriture. Tout ceci doit valoir 100,000 fr. Cette somme est sacrifiée à l’agrément du public, représenté par un vieux rentier qui, de temps immémorial, assiste seul aux audiences de la chambre des requêtes. Restaient 20,000 francs que l’on a voulu employer, ce qui était fort embarrassant. Voici comment il a été procédé. Les conseillers avaient des bureaux couverts en drap, l’étoffe a été remplacée par une toile cirée. Dans une salle, un grand poële chauffait médiocrement, on l’a transformé en deux petits poëles qui ne chauffent plus du tout. Le fond de cette même salle était tendu en draperies de laine, on y a substitué un papier peint. On avouera qu’après des améliorations aussi essentielles, il serait mal aux magistrats de cette chambre de se plaindre, lorsqu’ils sont privés d’une partie de leur traitement, pour des raisons d’économie.

L’abondance des matières nous force à ajourner à notre prochaine livraison l’analyse de plusieurs ouvrages nouveaux.


F. BULOZ