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MÉLANGES.

culture, doivent donner les meilleures récoltes. Lorsqu’on a fait choix d’un terrain, on ne le défriche point, on se contente de couper à hauteur d’appui les arbres qui le couvrent. Cette opération se fait quand la saison des pluies est passée, on donne aux branchages le temps de sécher, et l’on y met le feu avant que les pluies recommencent.

« Lorsqu’on a fait deux récoltes dans une terre qui était autrefois couverte de bois vierges, on la laisse reposer ; il y pousse des arbres beaucoup plus grêles que les premiers, et d’une nature entièrement différente ; on laisse croître ceux-ci pendant cinq, six ou sept années, suivant les cantons ; on les coupe, ensuite on les brûle, et on plante dans leurs cendres. Après une seule récolte, on laisse la terre reposer de nouveau ; d’autres arbres y croissent encore, et l’on continue de la même manière jusqu’à ce qu’on juge le sol entièrement épuisé. Les espèces de taillis qui succèdent aux bois-vierges s’appellent capoeiras.

« Si l’on abandonne ces capoeiras à elles-mêmes et qu’on n’y laisse point paître de bétail, on voit naître à leur place d’autres taillis nommés capoeirões où l’on ne trouve plus les arbrisseaux des capoeiras. »

Le changement ne s’arrête pas toujours là : ainsi, dans la portion de la province de Minas-Geraes, qui se trouve à l’orient de la chaîne de Mantiqueira, les plantes herbacées ont remplacé sur une foule de points les forêts dont le sol était autrefois entièrement couvert. « Dans cette partie du Brésil, lorsqu’on a fait dans un terrain un petit nombre de récoltes, on y voit naître une très grande fougère du genre pteris. Une graminée visqueuse, grisâtre et fétide, appelée capim gordura, ou herbe à la graisse, succède bientôt à cette cryptogame ou croît en même temps qu’elle. Alors toutes les autres plantes disparaissent avec rapidité. Si quelque arbrisseau s’élève au milieu des tiges du capim gordura, il est bientôt brouté par les bestiaux ; l’ambitieuse graminée reste maîtresse du terrain, et elle ne peut pas même être recommandée comme fourrage ; car si elle engraisse les bêtes de somme et le bétail, elle diminue sensiblement leurs forces. L’agriculteur, ne pouvant plus espérer de voir naître de nouveaux arbres sur le terrain, dit que celui-ci est perdu sans retour (he uma terra acabada ) ; après avoir fait sept à huit récoltes dans un champ, et quelquefois moins, il l’abandonne,