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sultats cependant concordèrent parfaitement. D’une part, il voulut ne recueillir que les produits de plantes bien vivantes, afin qu’on ne pût pas supposer que ces sécrétions étaient l’effet d’une maladie produite par les circonstances insolites dans lesquelles le végétal se trouvait placé. De l’autre, il plaça des parties détachées de la même plante dans l’eau, afin de voir si cette eau s’altérait avec la même rapidité et de la même manière.

Des plantes vigoureuses de chondrille furent mises, avec leurs racines bien nettoyées, dans l’eau de pluie filtrée. On les y plaça toutes fleuries, et elles continuèrent à s’y épanouir ; au bout de quelques jours, et avant qu’elles eussent eu le temps de souffrir du changement de régime, on les enleva, et on en replaça d’autres dans la même eau. Cette eau, après quatre substitutions semblables, avait pris une teinte jaune, une odeur assez prononcée analogue à celle de l’opium, et une saveur amère un peu vireuse ; elle précipitait en brun la dissolution d’acétate neutre de plomb, troublait une dissolution de gélatine, et enfin laissait par l’évaporation une substance d’un brun rougeâtre.

Pour s’assurer que cette substance était bien le produit de la végétation, et non d’une action indépendante de la vie, M. Macaire mit tremper pendant le même temps, d’un côté, des racines seules de chondrille, de l’autre, dans un flacon différent, les tiges seules coupées de la même plante. Les racines se conservèrent fraîches, les tiges gardèrent leurs fleurs non flétries ; mais, dans aucun des flacons, l’eau ne prit de couleur ni de saveur marquées ; elle n’avait rien de cette odeur opiacée qui était si sensible dans l’autre ; elle n’agissait point sur les réactifs, et enfin ne laissait presque aucun résidu.

Les expériences répétées sur des plantes très différentes donnèrent toujours des résultats analogues.

Une fois assuré que les végétaux rejettent par leur racine les parties impropres à leur alimentation, M. Macaire voulut savoir à quelle époque de la journée le phénomène a lieu. Pour cela il prit une plante enracinée et vigoureuse de haricot, et, après l’avoir nettoyée convenablement, il la mit tremper dans l’eau de pluie. Le soir, la plante fut lavée, essuyée, et placée dans un second flacon également plein d’eau, de pluie ; le matin, semblable opération du lavage