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    une fort bonne maison et de mener une vie agréable. — Notre auteur nous a dit, en parlant de Coleridge, qu’il recevait dans sa petite maison de campagne, voisine de Londres, la meilleure société des trois royaumes ; et l’on peut ajouter que cette habitation du poète-philosophe est un modèle, sinon de luxe, au moins de bon goût et d’élégance recherchée. — Il y a peu d’hommes au monde dont la vie soit aussi complètement organisée pour le bonheur et la vertu que celle de Southey, dont les pénates champêtres sont placés au bord d’un lac délicieux. Le roi, dont il est le poète lauréat, lui envoie tous les ans un tonneau de vin des Canaries, mais cette coutume gothique, dont tout le monde rit, et qui n’est plus qu’une plaisanterie consacrée, a-t-elle rien d’humiliant pour le poète ? — Voilà pour la vie matérielle. Quant à l’influence des hommes de talent sur l’Angleterre, elle est immense, elle est incalculable. Les vrais remparts de l’intérêt conservateur ont été Southey, Scott, dans le Quarterly Review. Le grand auteur de la réforme, c’est Brougham, homme de lettres et savant plus encore qu’avocat. Comme il est difficile de prouver le génie, et que la puissance intellectuelle, ce don magnifique de la Divinité, n’est pas appréciable comme la fortune, les hommes de génie trouveront toujours des obstacles sur leur route. C’est une condition de leur existence ; et cette condition même, en les armant de persévérance, d’ardeur et de courage, les forcera de déployer toute leur énergie, de surmonter la paresse qui nous est naturelle à tous, et de servir l’humanité.