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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/214

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licats, beaucoup de philosophie morale, et des préceptes très propres à élever le cœur au-dessus de tous les revers de la fortune, voilà, dit Thomas Sanchez, ce qu’offre ce poème. Il est précédé d’une lettre d’envoi de l’auteur à son parent, et de la vie de Bias en prose. La Supplique de don Gomez Manrique est une réponse en huit octaves composées sur le même mètre que huit autres octaves adressées par G. Manrique à Santillane pour lui demander un Cancionero de ses poésies. Les Proverbes des vieilles femmes sont au nombre de six cent vingt-cinq. Ils se trouvent dans le tome premier des Origines de la langue castillane, par Grégoire Mayans. Thomas Sanchez dit qu’ils furent imprimés pour la première fois à Séville en 1508, et qu’ils forment peut-être la plus ancienne collection de proverbes qu’on connaisse, non seulement en langue espagnole, mais même dans toutes les autres langues modernes de l’Europe.

Mais un ouvrage plus important que ceux-là, excepté Bias et la Fortune, ce sont les Proverbes de Santillane, appelés aussi centiloque, parce qu’ils sont renfermés en cent strophes. Après plus de dix éditions ils sont devenus, Thomas Sanchez en fait l’observation, un des livres rares de la langue espagnole[1]. Les proverbes sont précédés d’un prologue par Santillane, et d’une introduction du docteur Pedro Diaz de Tolède, où il dit au prince don Henri de Castille, qui régna sous le nom de Henri iv, que c’est par ordre du roi Jean ii, son père, qu’il a glosé, c’est-à-dire commenté les proverbes « composés en vers rimés avec assez de brièveté, de pénétration et de savoir, par le généreux chevalier marquis de Santillane ; » de même, ajoute le docteur, qu’il a traduit, également par ordre du roi, en langue castillane, les proverbes de Sénèque, les accompagnant d’une glose. On lit encore dans cette introduction « qu’il est d’autant plus surprenant que Santillane sache si bien penser et écrire, que ce docte chevalier est, de tous ceux de

  1. Je les ai lus dans l’édition d’Anvers, 1594, édition très fautive, que j’ai trouvée à la bibliothèque de la ville d’Abbeville. Cette même édition existe à la bibliothèque du roi, qui possède aussi une édition de Madrid, 1799, la dernière de toutes, à ce que je crois. Les Proverbes sont le seul des ouvrages de Santillane qui soit inscrit aux catalogues de la bibliothèque du roi.