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REVUE DES DEUX MONDES.

une vieille cheminée sans feu : il n’y a que du vent et des cendres. Ouf ! (Il s’assoit.)

Que cela m’ennuie que tout le monde s’amuse ! je voudrais que ce grand ciel si lourd fût un immense bonnet de coton, pour envelopper jusqu’aux oreilles cette sotte ville et ses sots habitans. Allons, voyons ! dites-moi, de grâce, un calembour usé, quelque chose de bien rebattu.

HARTMAN.

Pourquoi ?

FANTASIO.

Pour que je rie. Je ne ris plus de ce qu’on invente ; peut-être que je rirai de ce que je connais.

HARTMAN.

Tu me parais un tant soit peu misanthrope, et enclin à la mélancolie.

FANTASIO.

Du tout ; c’est que je viens de chez ma maîtresse.

FACIO.

Oui ou non, es-tu des nôtres ?

FANTASIO.

Je suis des vôtres, si vous êtes des miens ; restons un peu ici, à parler de choses et d’autres, en regardant nos habits neufs.

FACIO.

Non, ma foi. Si tu es las d’être debout, je suis las d’être assis ; il faut que je m’évertue en plein air.

FANTASIO.

Je ne saurais m’évertuer. Je vais fumer sous ces marronniers, avec ce brave Spark qui va me tenir compagnie. N’est-ce pas, Spark ?

SPARK.

Comme tu voudras.

HARTMAN.

En ce cas, adieu. Nous allons voir la fête.

(Hartman et Facio sortent.)

(Fantasio s’assied avec Spark.)

FANTASIO.

Comme ce soleil couchant est manqué ! La nature est pitoyable