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ANCIENNE LITTÉRATURE ITALIENNE.

crezia, pour qui on dresse la tente donnée au patron, y entrent avec la vieille nourrice. Les jeunes époux reposent ensemble. Ils dormaient encore quand les trois Florentins, tentés par leurs richesses, prennent la résolution de s’en emparer en tuant les deux jeunes gens. Le patron s’oppose à ce double meurtre, mais fuit avec les trois Florentins et le trésor ; et tous quatre ils s’en vont à Paris vivre dans le luxe et les plaisirs. À leur réveil, les jeunes époux connaissent leur sort. Urbano avoue tout à Lucrezia, sa naissance et la fourberie à laquelle il s’est prêté pour l’épouser. Mais Lucrezia aime déjà son époux ; elle lui pardonne, elle sera même heureuse de vivre et de mourir son épouse. Urbano, Lucrezia et la nourrice sont sur le point de mourir abandonnés, quand le patron d’un vaisseau, voyant de loin le pavillon qui les couvre, aborde l’île Dispersa et les arrache à la mort qui les menaçait. Le pieux patron, comme dit Boccace, consola la fille du roi de Babylone et la conduisit à Naples (ville neuve), expression fréquemment employée dans les romans mystiques. Là, Lucrèce, pour témoigner sa reconnaissance au patron Gherardo qui les a sauvés, lui fait cadeau du riche pavillon qu’elle tenait de sa mère. Urbano et Lucrezia, vêtus comme de pauvres pèlerins, s’acheminent vers Rome. Urbano va se présenter à l’hôtellier, le mari de sa mère, qui le chasse en lui disant des injures. Sa mère, au contraire, qui le croyait mort, le reçoit avec tendresse et lui procure une retraite sûre chez une veuve de ses amis. Bientôt la veuve, la mère et les deux époux vont au Capitole ; et Lucrezia ayant tiré de ses deux pierres orientales une somme de sept mille ducats, dont elle met la moitié en réserve, les deux époux vivent pompeusement dans un beau palais voisin de celui de l’empereur. Jamais la mère d’Urbano ne put savoir de son fils, ni de la nourrice, qui était Lucrezia ; mais comme elle la reconnaissait pour une personne de mérite, dévote et bien élevée, elle l’estimait. Enfin, pour abréger cette histoire dont les détails vers la fin se multiplient extrêmement, il suffira de dire que les trois frères florentins, venant de Paris comme ambassadeurs du roi de France auprès de l’empereur à Rome, sont reconnus par Lucrezia, qui, pour se venger d’eux, les force, dans un banquet qu’elle donne à l’empereur, d’avouer toutes les supercheries qu’ils ont employées pour lui faire épouser Urbano. De