chef ; et c’est ce qui le força de recourir à de nouveaux alliés. Son désir était, à ce qu’il semble, de composer un ministère qui aurait réuni tous les partis sous sa suprématie absolue ; projet brillant et chimérique. Sept des plus influens des anciens hommes d’état, et parmi ceux-ci étaient Peel et le chancelier Eldon, se retirèrent à la fois, et le duc de Wellington se démit du commandement de l’armée, après une correspondance très animée avec le premier ministre. Maintenant, si nous cherchons la vérité, sans faire attention ni aux longues complaintes des amis de Canning, ni aux véhémentes déclamations de l’autre parti, il paraît impossible de nier, d’un côté, que Canning n’avait aucun droit d’attendre la coopération de ses anciens collègues, puisque tous ses actes tendaient à faire adopter des principes opposés aux leurs ; d’une autre part, si nous sommes loin d’attribuer au duc de Wellington et à ses amis politiques un projet de conspiration préméditée, il n’est pas douteux que leur désir ne fût d’embarrasser et de renverser ce nouveau ministre, et que plusieurs d’entre eux obéirent à une jalousie personnelle, plus encore qu’à une inimitié politique. Le nouveau cabinet fut formé d’hommes qui adoptèrent les opinions moyennes et conciliantes de Canning et de quelques-uns des whigs. Mais Brougham, à la tête des plus violens d’entre eux, refusa de prendre part au pouvoir, par un honorable motif. Il ne voulait pas placer le premier ministre dans une opposition absolue avec tout le parti tory qui l’aurait embarrassé dans ses projets de réforme. Quand le parlement s’assembla, et que des explications furent demandées de tous côtés, chacun fit ses confessions et son panégyrique, et on allégua en général des motifs fort peu louables. Peel et Wellington firent les discours les plus francs ; ils frappèrent profondément tous ceux qui les entendirent, et montrèrent combien il était impossible pour eux d’entrer dans la coalition des défenseurs de l’émancipation catholique (qui, quelques années plus tard, fut proposée par eux-mêmes). Lord Grey, en refusant d’entrer aux affaires, déclara qu’il était dans l’intention de renoncer à la vie publique. C’était un peu plus de trois ans avant qu’il devînt premier ministre.
L’histoire de la vie de Canning appartient à l’Europe, et c’est la meilleure leçon que je connaisse sur l’ambition humaine. Distingué