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REVUE. — CHRONIQUE.

partisans. Pendant ce temps, une autre comédie se jouait à la chambre des députés. M. Augustin Giraud, assez mauvais comédien d’ailleurs, interpellait M. Barthe, et le sommait, avec une apparence de grande inquiétude, de déclarer à la chambre si le pouvoir était en mesure de s’opposer aux efforts des factions. À quoi M. Barthe se hâta de répondre que le gouvernement présenterait le lendemain une loi sur les associations. Que d’élévation, de franchise et de noblesse dans nos ministres et dans les courageux députés qui les interpellent avec tant d’indépendance !

Le projet de loi contre les associations a été présenté en effet le lendemain ; on n’aurait eu garde de l’oublier. Il consiste en trois petits articles. Par le premier, la disposition du code pénal qui interdit les assemblées de plus de vingt personnes, sans autorisation du gouvernement, s’étendra aux associations partagées en sections d’un moindre nombre. La peine sera, pour les contrevenans, de deux mois à un an d’emprisonnement, de 50 fr. à 1000 fr. d’amende ; peine qui sera doublée en cas de récidive, et le condamné placé pendant deux ans sous la surveillance de la haute police. Par un autre article, la chambre des pairs jugera les membres des associations accusés de complots contre la sûreté de l’état, et les tribunaux correctionnels, les infractions à la loi nouvelle. On laisse aux jurés le jugement des délits politiques commis par les associations ; et comme les accusateurs auront toujours le soin de qualifier de complots ou d’infractions les délits des accusés, les jurés n’auront à juger personne. C’est là tout ce qu’on voulait.

Nous n’ajouterons qu’un mot. M. Barthe, l’auteur de cette loi, ancien carbonaro comme on sait, est aussi l’auteur d’une instruction à l’usage des membres des sociétés secrètes, pour préparer leurs réponses devant les tribunaux de la restauration. Nous publierons le travail de M. Barthe, afin que les coupables que crée la loi qu’il vient de présenter, reçoivent au moins de ses mains les moyens de se défendre.

La proposition de M. Bavoux en faveur du divorce a été encore une fois adoptée cette année à la chambre des députés. Une seule boule a protesté contre cette proposition. On présume qu’elle a été déposée par un député qui porte un nom bien connu, et qui, séparé depuis 22 ans de sa femme, jouit tout seul d’un revenu de vingt mille francs qu’il lui faudrait, non pas seulement partager, mais rendre, si un procès de divorce lui était intenté avec succès.

Les pétitions en faveur de la famille Napoléon ont été moins bien accueillies par la chambre. Le maréchal Soult semblait éprouver une grande frayeur rien qu’en songeant à la présence des membres de la famille Bonaparte sur le territoire français. On concevrait la frayeur du maréchal si