Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/605

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
593
REVUE. — CHRONIQUE.

M. Castro sont poètes, ainsi que le premier ministre et si ce système continue, le gouvernement espagnol ressemblera à une pléiade littéraire. Le duc de Frias est en outre connu par une singulière affaire qu’il eut à Londres pendant son ambassade. Il profita des franchises du corps diplomatique pour faire entrer en Angleterre, sans payer de droits, et pour son usage personnel, une quantité de vins si grande, qu’on l’évalua à dix mille livres sterling. Ces vins furent vendus pour le compte de l’ambassadeur, et le fisc lui intenta un procès qui causa beaucoup d’embarras au corps diplomatique. Depuis ce temps, une circulaire tenue secrète soumet la cave des ambassadeurs, en Angleterre, à l’inspection du fisc, qui constate, d’après les registres d’entrée, la quantité de vin qu’on croit nécessaire à leur usage. Nous espérons que le nouvel ambassadeur d’Espagne à Paris n’aura pas de pareils démêlés avec l’administration des droits réunis.

L’affaire du mariage de M. le duc d’Orléans avec une princesse de la maison royale de Prusse éprouve de grandes difficultés, si elle n’a complètement échoué. C’était cependant une heureuse combinaison. Le prince royal eût été le beau-frère de l’empereur Nicolas et du prince d’Orange, et il eût été possible d’arranger à l’amiable l’affaire de la Belgique, c’est-à-dire de la rendre à la maison d’Orange, si, comme nous en menace le ministère du roi Léopold, la Belgique adhérait au système de douanes prussiennes, et séparait entièrement ses intérêts de ceux de la France. Les Bourbons de la branche aînée s’alliaient dans leurs familles, et ces alliances étaient moins dangereuses pour le pays, car elles ne changeaient rien aux rapports extérieurs, et n’obligeaient pas à des concessions. On peut prévoir déjà ce que nous eût coûté en articles secrets un mariage tel que celui qu’on projetait.

D’autres mariages moins difficiles à conclure ont eu lieu cette semaine. M. de Bondy, préfet de la Corrèze, et fils du dernier préfet de la Seine, a épousé Mlle Seillière, la nièce d’un de nos plus riches banquiers. M. Casimir Périer a épousé Mlle Paturle, fille du député de ce nom. Ces deux époux sont destinés à compléter une fortune de près d’un million de rentes. Enfin M. de N…, le plus jeune des fils du pair de France de ce nom, a enlevé une jeune Anglaise, riche et jolie, le jour même où son fiancé arrivait d’Angleterre pour l’épouser. On parle aussi du mariage de la fille du général Foy avec M. Piscatory, député d’Indre-et-Loire. Le mariage est en faveur, comme on voit. C’est d’ailleurs un moyen de plaire au château, où l’on voudrait former une cour de jeunes femmes pour entourer la princesse royale future. Il ne restera plus qu’à la trouver.

On se souvient d’un livre écrit en faveur de l’ordre de choses actuel, d’un panégyrique des deux premières années de ce régime, composé d’a-