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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/632

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REVUE DES DEUX MONDES.

nomide rappelle peut-être en ceci la doctrine, avait également fixé dans la région sublunaire les êtres semi-divins, ou démons invisibles à nos yeux[1]. C’est à la même source que Varron avait puisé l’opinion qu’il énonce en ces termes : Inter lunæ verò gyrum et nimborum ac ventorum cacumina aerias esse animas, sed eas animo non oculis videri, et vocari heroas ; et lares et genios[2].

Apulée reproduit, dans des termes analogues, l’opinion des platoniciens de son temps. Il parle de puissances moyennes qui tiennent de la Divinité, et qui sont placées entre la terre et la haute région du ciel[3]. C’est également la doctrine de Proclus et de Plotin. Ainsi les platoniciens anciens et nouveaux avaient placé les démons précisément là où saint Hilaire, Théodore de Mopsueste et Cosmas ont depuis placé les anges, où saint Paul mettait les esprits malins[4].

Quant à cette autre idée de Cosmas, que des anges qu’il appelle lampadophores président aux mouvemens des astres[5], selon Jean Philoponus, elle avait été admise par Théodore de Mopsueste, et elle avait trouvé des partisans auxquels il n’épargne pas le sarcasme. « Que ceux, dit-il, qui se portent défenseurs du sentiment de Théodore, nous disent dans quel endroit de l’Écriture divine ils ont appris que des anges mettent en mouvement la lune, le soleil et chacun des astres, les tirant à eux attelés comme des bêtes de somme, ou les poussant par derrière comme ceux qui roulent des ballots de marchandises, ou les faisant mouvoir de ces deux manières à la fois, ou enfin les portant sur leurs épaules. En vérité, qu’y a-t-il de plus ridicule que toutes ces suppositions ?

  1. Stob. Ecl. phys. i, 62. Heer. — Plut. de Is. et Osir. p. 361 — vii, p. 425. Reiske.
  2. Varro ap. S. Aug. in Civit. Dei, vii, 6, p. 630.
  3. De Deo Socrat. ii, p. 133, ed. Oudend. « Cœterum sunt quædam divinæ mediæ potestates, inter summum æthera et infimas terras in isto intersitæ aëris spatio, per quas et desideria nostra et merita ad Deos commeant, » etc.
  4. Ephes. ii, 2 ; vi, 12.
  5. Selon d’autres, chaque pays de la terre avait son ange particulier. Polychron. in Daniel. ap. script. vet. part. ii, p. 144. Rom. 1825. — Cf. Suarez, de Angelis, vi, 18.