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vrage a pris de là un certain caractère religieux que je ne lui pourrais ôter sans préjudice ; il m’en coûterait d’étouffer cette voix lointaine qui sort de la tombe, et que l’on entend dans tout le cours du récit. On ne trouvera pas étrange que je garde quelques faiblesses, que je sois préoccupé de la fortune du pauvre orphelin, destiné à rester après moi sur la terre. Si Minos jugeait que j’ai assez souffert dans ce monde pour être au moins dans l’autre une Ombre heureuse, un peu de lumière des Champs-Élysées, venant éclairer mon dernier tableau, servirait à rendre moins saillans les défauts du peintre : la vie me sied mal ; la mort m’ira peut-être mieux.

Chateaubriand.



(Le reste de la Préface s’explique sur ce qu’il y a d’écrit des Mémoires, sur les manuscrits au nombre de deux, un à Mme de Châteaubriand, un à Mme Récamier, etc. Ensuite vient une négociation pour une sépulture dans une île en Bretagne, et la correspondance au sujet d’un tombeau entre l’auteur et ses bienveillans compatriotes.)