de conspiration et d’insurrection, se réunirent autour de M. Guizot, dans le comité central de la société Aide-toi, le ciel t’aidera, dont il fit partie si long-temps. Tous les jeunes membres de la congrégation particulière de M. Guizot avaient été versés par lui dans cette société, et prenaient une part très active à ses travaux, qui consistaient à provoquer des pétitions contre les abus existans, à publier des brochures pour inspirer aux citoyens de toutes les classes le sentiment de leur droit, pour les préparer à refuser l’impôt dans le cas où le ministère prendrait des mesures illégales, et surtout à correspondre avec les électeurs des départemens, et à les exhorter à faire de bons choix. Dans ce comité figuraient les jeunes écrivains du Globe qui se sont répandus depuis dans toutes les parties de l’administration, entre autres MM. de Rémusat, Duchâtel, Duvergier de Hauranne, Dejean, Dubois, Montalivet, etc. Près d’eux, autour de la même table, marchant au même but et unis en apparence, mais profondément séparés par leur vie passée et par leurs rêves d’avenir, se trouvaient d’autres jeunes gens que leur vie agitée et périlleuse avait déjà vieillis, et qui réprimaient quelquefois un sourire de dédain en voyant avec quelle activité leurs collègues s’appliquaient à de petites choses, avec quelle minutie ils se mettaient en règle contre les attaques du pouvoir, avec quelle prudence ils travaillaient à le renverser. C’était un spectacle tout nouveau pour eux qui n’avaient jamais su modérer leur haine et leur bouillante indignation, et qui, si jeunes encore, avaient déjà blanchi dans les prisons, et avaient, pour la plupart, essuyé l’honorable flétrissure d’une condamnation capitale. Ces derniers sont aujourd’hui ce qu’ils étaient alors, peut-être courent-ils à cette heure les mêmes dangers. C’étaient Carrel, Cavaignac, Bastide, Thomas, Marchais, et d’autres à qui les leçons de M. Guizot ont peu profité !
Maintenant voulez-vous que nous tournions sans transition une page de la vie de M. Guizot ? La révolution de juillet s’est faite par lui, pour lui, avec lui ou sans lui, je ne veux pas discuter cela encore ; toujours est-il que M. Guizot est ministre pour la seconde fois, après avoir un peu cessé de l’être, et qu’il est gravement assis à la chambre, au banc où mourut de fatigue et d’efforts le fougueux Casimir Périer. Vous savez comme tout-à-l’heure M. Guizot