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tous accusent une intelligence parfaite des vrais besoins de la géographie pratique, une volonté ingénieuse d’en populariser les procédés ; et nous ne pouvons qu’applaudir au choix des sujets[1].

Le premier mémoire, et l’un des plus remarquables, est celui de M. Martin Leake, sur cette question tant de fois agitée, tant de fois résolue en sens contraires, si le Niger, Nigeir ou Nigris des anciens, est le même fleuve que le Jolibâ de Mungo-Park, le Kouârâ de Clapperton et de Lander. Le travail de M. Leake est certainement plein d’érudition, d’observations judicieuses, et nous sommes disposé à partager son opinion sur plusieurs points ; mais quant à la question principale, nous sommes loin de penser qu’il l’ait éclaircie, et nous aurions à relever plus d’une hérésie dans ses opinions, surtout en ce qui concerne l’examen des résultats donnés par Ptolémée : nous nous bornerons à remarquer qu’il s’appuie principalement sur l’identité du cap Arsinarium des anciens avec le cap Vert des modernes, ce qui est radicalement impossible, puisque le géographe grec indique ce promontoire précisément en face des îles Fortunées, et même à une plus haute latitude que deux de ces îles ; de sorte que loin d’aller jusqu’au cap Vert, il faut s’arrêter au cap Jaby, ou tout au plus atteindre le cap Bojador. Dès-lors c’est dans les ramifications de l’Atlas que se trouvent nécessairement les monts Sagapola et Mandros, ainsi que le mont Ousargala, où le Bagradas (le Megerdah actuel) prend sa source ; et par conséquent le Nigeir de Ptolémée, qui naît au mont Mandros, et qui reçoit des affluens venant des monts Sagapola et Ousargala, ne sau-

  1. Ces prix sont offerts aux travaux suivans :

    1o À un Manuel du Voyageur, contenant une énumération claire et précise des objets sur lesquels doit se porter son attention, et des moyens les plus propres à favoriser les observations. — Un ouvrage de ce genre, sous le titre de : Aide-mémoire du Voyageur, vient de paraître chez F. Bellizard, rue de Verneuil, no 1.

    2o À un essai sur l’état actuel de la géographie,

    3o À une grande table de synonymie géographique, avec citation des sources et indication des noms divers appliqués à un même lieu, suivant la différence des pays et des époques.

    4o Aux meilleures inventions mécaniques propres à faciliter l’étude et l’enseignement de la géographie, c’est-à-dire, la simplification des instrumens et des méthodes pour la détermination des positions, le perfectionnement du tracé et de la gravure des cartes, etc.

    Ce programme rappelle, en outre, que le prix annuel de 50 guinées a été décerné, l’année précédente, à Richard Lander, pour son voyage au Kouâra.