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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 2.djvu/736

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prétendans pour les lâcher en cas de guerre ; il s’empressera d’accueillir don Miguel, comme il a accueilli la branche aînée des Bourbons, comme il a fait élever la mélancolique image du grand empereur. C’est quelque chose souvent utile que les vertus hospitalières.

L’Angleterre, qui a stipulé les subsides, consentira-t-elle à laisser don Miguel maître de se choisir une résidence en Autriche ? Ne voudra-t-elle pas le garder à Londres ? Le Portugal l’intéresse bien vivement ; elle craindrait une nouvelle équipée de don Miguel, un avenir de désordres pour ce Portugal que les whigs ont tant intérêt à pacifier, car les choses en étaient à ce point que, si les affaires de la Péninsule n’avaient présenté un dénouement prochain et heureux, le ministère whig aurait été menacé dans son existence. En Angleterre, il n’y a plus de parti quand il s’agit des intérêts du pays à l’extérieur ; et si la guerre civile s’était continuée, les tories n’auraient pas manqué de présenter le lugubre tableau du triste état où une fausse politique avait réduit un ancien et fidèle allié de la Grande-Bretagne.

On ne considère pas ce nouveau ministère whig comme né viable ; lord Durham a été repoussé, et le jeune lord est en ce moment une des grandes popularités parlementaires de l’Angleterre. M. de Talleyrand n’a pas été étranger à ce replâtrage ministériel. Il craint pour notre propre ministère l’arrivée de lord Durham au cabinet, et un mouvement radical trop prononcé. Ce qui effraie maintenant le cabinet de Paris, c’est de voir en Portugal, en Espagne comme en Angleterre, le mouvement libéral dépasser les limites qu’il a posées ; on veut bien une petite et douce propagande, mais on a peur de la marche vive et profonde vers le progrès. Les doctrinaire ont emprunté cette parole de la création ; ils ont dit au flot populaire ; « Tu ne passeras pas ces limites. » Du reste il faut vous dire que lord Durham a recueilli dans son court voyage parmi nous les plus tristes impressions de la capacité de nos hommes politiques et de M. Thiers particulièrement. Il ne trouve, selon son expression, « à ce nain parlementaire, qu’un flux de paroles vides, à l’usage de la plus ignorante des majorités. » De pareils jugemens sur nos hommes d’état, sur l’élève de M. de Talleyrand surtout, ne se pardonnent pas ; et quand il a fallu discuter l’avènement de lord Durham au cabinet, aux répugnances personnelles du roi Guillaume sont venus se joindre les observations et les en-cas de M. de Talleyrand. L’influence du vieil ambassadeur français à Londres est immense ; il a fait le cabinet actuel, et c’est un triomphe dont il aime à se vanter dans les petits billets à ses amis. Aussi la caricature commence-t-elle à poursuivre le ministère whig. On peint lord Palmerston en lisière, conduit par l’ex-évêque d’Autun. Le parti tory se venge. Comme on sup-