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tent. L’affaire de Naples surtout est grave. M. de Metternich ne peut souffrir l’influence française au sein même de l’Italie ; et si le jeune roi donnait une constitution, il pourrait bien s’ensuivre une invasion de Naples et une occupation immédiate par les Autrichiens : ce serait la guerre ; et voilà pourquoi nous conservons le point militaire d’Ancône.

La confédération occupera Francfort, c’est une affaire décidée ; les troupes allemandes prendront garnison dans la cité libre ; et, quand la France et l’Angleterre ont voulu s’en plaindre, il a été répondu que les affaires de la confédération étaient des questions de famille, desquelles les grandes puissances allemandes ne souffriraient jamais que les étrangers se mêlassent.

Au fond, il n’y a jusqu’ici de question sérieusement engagée que celle d’Orient. On a reçu la nouvelle officielle d’un mouvement de troupes russes, soit en Perse, soit pour l’occupation de quelque district des frontières turques, cédées sans doute par les conditions secrètes du dernier traité de paix de Constantinople, traité imparfaitement connu, et qu’on va voir bientôt s’exécuter dans le cas d’une tentative menaçante de la France et de l’Angleterre sur les Dardanelles. La base de ce traité est l’occupation par les Russes du détroit, si l’empire ottoman se trouvait menacé, et on le considérera comme menacé, dès que les flottes combinées de la France et de l’Angleterre se présenteront dans le canal. C’est là que commencera véritablement le conflit. Il serait difficile d’éviter la guerre si les flottes voulaient forcer les Dardanelles, une fois qu’elles seront placées sous la protection du pavillon russe.

Il y a d’ailleurs une autre cause de perturbation pour l’empire ottoman, qui se lie plus que jamais au système européen ; l’armée du pacha d’Égypte est prête à faire un mouvement en avant. Or, tout le monde sait que les Turcs, livrés à eux-mêmes, sont incapables de résister aux forces régulières d’Ibrahim ; le sultan invoquera encore une fois la protection des Russes. D’un autre côté, que représente le pacha d’Égypte, si ce n’est l’Angleterre et la France ? Ces deux puissances prendront parti pour leur allié ; de là le conflit qui paraît inévitable. Ce sera une guerre sous un autre pavillon. Nous sommes bien loin encore du désarmement.

À l’intérieur, tout est absorbé par les élections, non pas que le résultat soit douteux en l’état des listes électorales, et avec les difficultés matérielles que présente aujourd’hui la coalition des deux oppositions, carliste et du mouvement, mais parce que plusieurs ministres, qui se présentent comme candidats, ne sont pas assurés de leur élection, et que ce serait là un grand déboire. Tout est en jeu dans les départemens, promesses, menaces, destitutions.