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DES LÉGISLATIONS COMPARÉES.

La famille donne les premiers soins à l’enfant qui à côté de son berceau trouve sa mère, ange gardien mis par Dieu aux portes de la vie. Ne craignez rien pour cet homme qui naît ; il n’y a ni difformité, ni malheur qui pourront décourager sa mère ; pour triompher de toutes les disgrâces de la nature et de tous les coups de la destinée, Dieu, dans ses conseils, a trouvé la maternité.

La société doit l’éducation aux enfans qui lui viennent : seule elle peut transmettre aux générations un système de vérités sociales et morales qui puissent les sustenter et les nourrir ; les individus et les familles ont une instruction trop inégale et peuvent fausser ces vérités : l’état doit posséder une science publique qu’il distribue par un mouvement continu de diffusion, et qu’il renouvelle par un mouvement de conception. Les méthodes d’enseignement et d’invention doivent être soumises à une révision périodique.

L’art ne restera pas en dehors de l’éducation sociale ; il s’unira à la science pour agrandir les idées, pour élever les passions en les purifiant. Il aura des statues à montrer aux ambitions qui ne dorment pas ; il abreuvera d’harmonie la religion, le courage et l’amour ; il continuera l’épopée de l’humanité ; il arrachera au drame des profondeurs inconnues, et il ira briser le char du poète lyrique contre les marches du trône de Dieu.

L’instruction, cette initiation de l’homme et des sociétés, doit être vigoureuse et inspiratrice quand elle s’adresse aux jeunes gens, ces conscrits de l’humanité. Pour le peuple, cette substance du genre humain, elle doit être claire et nourrissante.

Elle ne doit pas s’abaisser, en s’adressant aux femmes, surtout aujourd’hui, où se déclarent parmi elles de vives agitations. Dans l’enfance du christianisme les femmes étaient aussi fort remuées : saint Paul, quand il écrit aux Corinthiens, aux Éphésiens, aux Colossiens, à son disciple Tite, n’oublie jamais de recommander aux femmes de garder le silence dans les églises ; donc elles parlaient ; d’être soumises à leurs maris, donc elles n’étaient pas obéissantes. Évidemment il y avait chez les femmes un mouvement insurrectionnel. Aujourd’hui l’insurrection est plus sensible encore : mais nous donnerons aux insurgées un conseil contraire à celui de saint Paul ; nous ne leur dirons pas de se taire, mais de parler, de parler beaucoup, éloquemment. On ne peut mieux s’émanciper que par