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et de cœur, capables de vous aider dans cette guerre, ne manquent point ; mais il faut les chercher, les encourager, les récompenser quelquefois. Qui est celui de vous qui ait dépensé, en faveur des écrivains défenseurs des trônes, le quart de ce qu’il paie aux professeurs des universités avec la certitude qu’ils poussent la jeunesse au renversement des trônes ? Croyez-moi, princes, parlez et faites parler, et soyez certains que chaque voix trouvera la route d’un cœur. »

Polichinelle. — Savez-vous que vous dites fort bien ? Ces messieurs les libéraux arrangent nos têtes à leur façon, parce qu’ils parlent quasi seuls ; mais si l’on montrait aux pauvres gens la chemise du libéralisme dans toute sa saleté, les cervelles humaines ne seraient plus le jouet des fabricateurs de glorieuses journées. Si nous avions lu plus tôt le journal de Modène intitulé la Voix de La Vérité, nous ne nous serions pas ennuyés de notre roi, et nous n’aurions point couru après cette folie de la souveraineté du peuple.

L’Expérience. — Mes enfans, le duc de Modène, quoique ses états tiennent peu de place sur la carte, a fait une œuvre grande en établissant ce journal. Il a prouvé qu’il possède un cœur vraiment royal, il a bien mérité de la société entière, et soyez certains qu’à l’heure qu’il est la feuille modenoise a opéré nombre de conversions ; mais revenez à ma lettre.

Le Docteur. — « Lorsque, pour contenir les méchans, il ne suffit pas d’élever la voix, il faut lever la main et punir, mais les châtimens doivent être et certains et sévères. Ceux qui méditaient le bouleversement du monde ont pris leurs mesures de loin ; ils ont préparé l’impunité, pour eux et pour les leurs, en prêchant l’humanité et la modération des peines. Depuis un certain temps, vous vous êtes laissé séduire par ces chansons, et afin d’être doux et clémens, vous avez cessé d’être justes. Ainsi la voie a été ouverte à toutes les iniquités ; la certitude du pardon a rompu le frein de la crainte, et pour chaque félon absous, cent sujets fidèles sont devenus félons. Retournez sur les traces antiques, et si vous voulez que votre justice ait peu à condamner, faites qu’elle condamne inexorablement. L’épreuve de la tolérance a été faite, elle n’a produit que du mal ; venez-en à l’épreuve du sang, et vous verrez que se déclarer rebelle ne sera plus la mode du jour. Commencez par