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REVUE DES DEUX MONDES.

Comme sur un sommet d’ivoire
Montez au sommet de ma gloire.
Dites-moi du haut de mon nom
Ce que l’on voit dans mon vallon ;
Que je dicte mon plan de guerre
À Berthier, au bruit du tonnerre.

— Au loin, là-bas, sire, je vois
Près de son seuil, au coin du bois,
Comme une femme échevelée,
La France de honte habillée.
Son puits est un puits de douleurs,
Et son seau se remplit de pleurs.
Son toit n’est fait que de chaumine,
Dans ses songes croît une épine.

Elle mêle et mêle en chemin
Son peuple brouillé dans sa main,
Comme son lin la filandière,
À tous les coins de la bruyère ;
Et rien que son nom lui fait peur
Quand il retentit dans son cœur,
Comme un trophée à ses murailles
Sous le vent du soir des batailles.

Elle n’a plus à son côté,
Sire, son fusil enchanté.
Elle n’a plus sa grande épée
D’honneur et de gloire trempée.
Elle n’a plus son grand renom,
Ni son courage de lion.
Quand on lui brise sa quenouille,
Jusqu’à terre elle s’agenouille.

— Arrêtez ! a dit l’empereur,
Mon aigle m’a mordu le cœur.

— Sur la montagne, je vois, sire,
Les rois debout dans leur empire.
Dessous la pierre de leur seuil