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loge sonna. Don Garcia jeta son manteau sur les épaules de don Juan et le conduisit jusqu’à la porte de sa maîtresse ; puis, ayant fait le signal convenu, il lui souhaita une bonne nuit, et s’éloigna sans le moindre remords de la mauvaise action qu’il venait de commettre.

La porte s’ouvrit. Dona Fausta attendait depuis quelque temps.

— Est-ce vous, don Garcia ? demanda-t-elle à voix basse.

— Oui, répondit don Juan encore plus bas et la figure cachée sous les plis d’un large manteau. Il entra ; la porte se referma aussitôt, et don Juan commença à monter un escalier obscur avec son guide.

— Prenez le bout de ma mantille, dit-elle, et suivez-moi le plus doucement que vous pourrez.

En peu d’instans il se trouva dans la chambre de Fausta. Une lampe seule y jetait une médiocre clarté. Don Juan n’ôta ni son manteau ni son chapeau, et se tint debout, le dos près de la porte, n’osant encore se découvrir. Dona Fausta le considéra quelque temps sans rien dire ; puis, ouvrant les bras, elle s’avança vers lui pour l’embrasser. Don Juan laissa alors tomber son manteau et lui tendit les bras.

— Quoi ! c’est vous, seigneur don Juan ! s’écria-t-elle. Est-ce que don Garcia est malade ?

— Malade ? Non, dit don Juan… Mais il ne peut venir. Il m’a envoyé auprès de vous…

— Oh ! que j’en suis fâchée ! Mais, dites-moi, ce n’est pas une autre femme qui l’empêche de venir ?

— Vous le croyez donc bien libertin ?…

— Que ma sœur va être contente de vous voir ! La pauvre enfant ! elle croyait que vous ne viendriez pas ?

— Laissez-moi passer, je vais l’avertir.

— C’est inutile.

— Vous avez un air singulier, don Juan… Vous avez une mauvaise nouvelle à m’apprendre… parlez, il est arrivé quelque malheur à don Garcia ?

Don Juan, pour s’épargner une réponse embarrassante, tendit à la pauvre fille l’infâme billet de don Garcia. Elle le lut avec précipitation et ne le comprit pas d’abord. Elle le relut et n’en put croire