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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/500

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REVUE DES DEUX MONDES.

science fait son objet sont si nombreux, qu’ils nécessiteront de nombreux volumes pour être décrits d’une manière complète. Les noms des hommes éminens dans cette partie que nous voyons inscrits sur le prospectus nous rassurent à cet égard. L’éditeur a senti que l’entomologie est avec la botanique la science la plus populaire de notre époque, et il l’a traitée en conséquence.

Au commencement de ce siècle, Sonnini, naturaliste qui n’a reculé en rien les bornes de la science, mais homme de savoir et de bonne volonté, conçut l’idée d’une entreprise pareille à celle-ci. Il appela à son aide les savans de son époque, et mit au jour une collection qui fut reçue avec reconnaissance du public, et qui, pendant quelques années, a satisfait aux besoins de la science d’alors. À peine aujourd’hui la consulte-t-on de temps à autre, tant le champ des découvertes s’est agrandi. J’ose prédire que tel ne sera pas de long-temps le sort de la collection actuelle. Rien n’annonce un mouvement scientifique pareil à celui qui signala la fin du dernier siècle, lorsque, subitement et pressées les unes sur les autres, des découvertes inattendues bouleversèrent les anciennes notions et renouvelèrent la face du monde savant. Les hommes illustres qui donnent l’impulsion et qui l’ont soutenue si long-temps sont partis pour la plupart, Cuvier à leur tête ; les autres, leurs rivaux de gloire et de génie, sont pleins de jours, et quoiqu’ils laissent derrière eux une génération héritière de leur ardeur, il est évident que celle-ci est réduite à ramasser laborieusement des épis là où ils ont fait la moisson. Nous sommes donc dans un de ces momens de repos qu’une loi éternelle a imposés à la nature morale comme à la nature physique. Sans doute un nouvel élan aura lieu ; la science, après s’être ralentie pendant un intervalle plus ou moins long, comme pour rassembler ses forces, fera tout à coup quelque pas de géant ; elle a toujours procédé ainsi, témoin Aristote, Linné et Cuvier, trois noms qui réunissent en eux les trois points culminans qu’elle a successivement atteints en vingt siècles. Mais il n’en est pas moins vrai qu’elle doit profiter de ces momens d’inertie relative où des filons moins riches ont succédé à la veine abondante qu’elle exploitait, pour se recueillir en elle-même, dresser l’inventaire de ses richesses, et s’encourager à les accroître. Un livre bien fait devient alors l’expression d’un passé brillant et d’un présent plein d’avenir ; il demeure long-temps, et dépose contre le dédain des générations suivantes en faveur de l’époque qui l’a vu naître. Nous n’assignons pas un moindre rôle aux Suites à Buffon actuelles, si elles persistent dans la voie qu’elles ont suivie jusqu’à ce jour.

L.



F. Buloz.

— Nous appelons l’attention de nos lecteurs désireux de se faire une bibliothèque à bon marché, sur le catalogue des libraires Télot joint à notre livraison de ce jour.