par semaine. La lettre qu’il écrivit au charpentier, deux jours avant sa mort, mérite d’être conservée :
« M. Amerall, préparez-moi ma maison ; passez-y le balai et le plumeau. Samedi dernier, j’ai trouvé que les poignées n’étaient pas assez propres. Tenez-la, je vous prie, en meilleur état. »
— Au surplus (continue Wordem qui me voyait étonné de ses récits), tirez-vous comme vous pourrez de cette grande forêt de documens hétéroclites. Classez et systématisez si vous pouvez toutes ces extravagances. Je vous recommande surtout le volume que voici ; vous y trouverez tous les passages d’auteurs célèbres ; toutes les citations et tous les exemples qui peuvent excuser l’excentricité des goûts et des humeurs s’y trouvent rassemblés.
J’ouvris l’in-folio, et je transcrivis au hasard quelques-uns des fragmens destinés à servir d’excuse, de préambule et de portique, à la biographie des originaux.
Ces gens-là, voyez-vous, mon cher, ne ressemblent à rien. Ils sont possédés d’un certain génie extravagant et baroque, plein de formes, de figures, d’idées, de lubies, de caprices, de craintes, d’espérances, de changemens, de mouvemens, de révolutions, de contradictions. Leur fantaisie conçoit, leur cerveau bouillonne, l’occasion sert d’accoucheuse. C’est un drôle de cadeau que Dieu leur fait là ; mais quand il est complet et bien vivant, il vaut son prix, sur mon honneur.
Mes amis, soyez libres ; usez de votre liberté ! — Et, je vous en supplie, permettez-moi de faire voltiger la mienne selon mon beau et noble plaisir.
J’use de la charte que nature m’a donnée ; charte libre comme l’air, changeante comme le vent… la folie !