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REVUE DES DEUX MONDES.

En prenant dans les documens anglais les trois années 1830, 1831 et 1832, on trouve une importation moyenne annuelle de

50,000 pièces batiste ou mouchoirs à bordure de France.
6,609 yards carrés de linge damassé ou diapré de divers pays, ainsi que
12,385 liv. sterl. à la valeur de toile ou linon.

L’exportation moyenne de l’Angleterre dans ces trois années est de

50 millions d’yards de toile pour une valeur déclarée de 43 millions de francs.

Le département du Nord est toujours le point de fabrication des batistes, et les soins apportés par quelques fabricans au choix des dessins et aux procédés de teinture ont certainement donné une nouvelle impulsion à cette industrie.

La Mayenne et l’Aisne ont offert à l’exposition quelques beaux échantillons de linge damassé. Mais combien, puisqu’il y a une exposition, aurions-nous aimé à y rencontrer la série de toutes les diverses toiles fabriquées en France pour la consommation et pour l’exportation ! Nous aurions voulu juger quelles sont les influences locales qui paralysent une branche si importante pour notre commerce et notre agriculture.

Il ne nous reste guère, en ce qui touche les tissus, qu’à dire quelques mots de la fabrication des tapis en France. Aucun art n’est, à notre avis, à la fois plus avancé et plus arriéré que celui-là. Les manufactures des Gobelins, de Beauvais, d’Aubusson, produisent des choses merveilleuses, dignes des palais des rois pour lesquels elles sont destinées, ou des demeures des gens favorisés de la fortune. Mais les tapis à l’usage de toutes les classes, les tapis réunissant la solidité, la durée à une élégance convenable, nous ne les avons pas rencontrés à l’exposition. La laine est chère, les filatures arriérées ; nous comprenons les difficultés contre lesquelles se débattent les fabricans, et nous leur tenons compte de celles que quelques-uns ont surmontées. Une fabrique de Paris s’est fait remarquer par le choix de ses dessins renouvelés du xvie siècle et par l’éclat des couleurs. Sans doute il y a progrès, mais ce progrès est bien lent, et nous ne rivalisons pas encore avec les moquettes anglaises. Comme on l’a vu plus haut, notre exportation de tapis a été de 235,000 fr. en 1832, et il y en a même pour l’Angleterre. Mais ce dernier pays en exporte annuellement pour 4 à 5 millions de francs, et travaille pour tous les consommateurs. L’usage des tapis, qui entraîne celui de l’ordre intérieur, de la propreté, du bien-être domestique, ne se propage pas en France, parce que depuis vingt ans nous sommes occupés à faire hausser le prix des laines, le prix des machines, le prix des ou-