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dont les capitaux s’utilisent si productivement aux travaux agricoles. Il n’avait pas songé que ces états, grands producteurs de coton, grands exportateurs de ce produit naturel de leur sol en Angleterre et en France, étaient grands consommateurs par conséquent de produits anglais et français. Le tarif américain, en frappant ces produits d’un droit, portait donc atteinte aux relations commerciales de tous les états du midi de l’Union, atteinte assez grave pour y avoir suscité ce parti d’un nom si audacieusement subversif, les nullifiers. On sait que l’énergie des actes de ce parti répondait à la hardiesse de sa dénomination. On sait aussi que le gouvernement fédéral n’a pas cru nécessaire, comme l’eussent jugé, peut-être, quelques gouvernemens européens, de faire contre lui preuve de force avant de faire preuve de sagesse. Ayant à choisir entre le développement d’une industrie qui était son œuvre, et celui d’un produit agricole naturel au sol, il a donné la préférence à l’œuvre de la Providence ; il a abaissé les tarifs au profit de la culture du coton ; il a agrandi à la fois l’exportation de cette matière et l’importation des fils et tissus de coton étrangers ; il a admis à la libre entrée en grand nombre d’articles, il a posé enfin, à ses tarifs, la limite de vingt pour cent de la valeur des produits importés[1] ; acte important de réforme commerciale, acte de dignité et de véritable force.

Aujourd’hui les États-Unis sont plus voisins qu’aucun autre peuple de la liberté commerciale. Le système restrictif n’est pas assez ancien chez

  1. Acte adopté par le congrès, le 26 février 1833, et sanctionné par le président, le 2 mars suivant, modifiant le tarif du 14 juillet 1832, et tous les autres actes antérieurs, imposant des droits d’importation.

    Première section. Les droits imposés sur les importations étrangères par l’acte du 14 juillet 1832, ou par tout autre acte, et excédant vingt pour cent de la valeur des marchandises, sont diminués du dixième de cet excédant ; même déduction du dixième aura lieu à partir du 31 décembre 1835 ; même déduction à partir du 31 décembre 1837 ; même déduction à partir du 31 décembre 1839 ; après le 31 décembre 1841, ce qui restera du surplus de vingt pour cent du droit sera réduit de moitié, et l’autre moitié sera supprimée après le 30 juin 1842.

    Quatrième section. Outre les articles déjà admis en franchise des droits, les articles suivans importés après le 31 décembre 1833, et jusqu’au 30 juin 1842, seront également admis en franchise : toiles blanches et écrues, linge et serviettes de table, batiste, tissus de laine peignée, schalls et autres tissus de soie et laine peignée.

    Un tel acte devait rendre la paix aux États-Unis ; on sait que le succès ne lui a pas manqué.