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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

ture n’est pas la moitié, pas le tiers, pas le quart[1] de celui des fers, n’ont-elles pas le droit de dire que le fer est trop cher et pour elles et pour tout le monde ?

M. Thiers dit que les diverses industries françaises sont également protégées. De quelque manière que l’on entende ces expressions, c’est une erreur. S’il veut dire par là que toutes les industries sont protégées, il se trompe. Protège-t-on, par exemple, l’industrie de l’éclairage par le gaz ? Non ; l’on ne saurait mettre de droits à l’entrée sur le gaz, et cette industrie souffre, sans aucune compensation, des droits sur le charbon étranger. J’en pourrais citer d’autres encore, sans compter celles qui sont protégées sans l’avoir demandé : ainsi la plupart des industries parisiennes. Veut-il dire que le droit protecteur est égal pour toutes ? Nous venons de montrer qu’il est essentiellement inégal pour les fers, les laines et les cé-

  1. Sur le taux de la protection accordée aux fers, voici les chiffres donnés par la dernière commission des douanes (rapport du 29 avril 1834).

    Prix du fer anglais au Hâvre, le tonneau 160 fr.
    Prix du fer français au Hâvre » 340 »
    Droits actuels 
    » 275 »

    Soit cent soixante-douze pour cent du prix du fer anglais au Hâvre, et quatre-vingt-un pour cent du prix du fer français dans le même port.

    Le droit actuel sur les laines étrangères est de vingt-deux pour cent de leur valeur ; ainsi cette grande industrie agricole est huit fois moins protégée que celle des fers, et nous avons vu plus haut que le ministère lui-même reconnaissait qu’elle était trop protégée.

    Pour les céréales, on sait que le droit restrictif de l’entrée du blé étranger augmente à mesure que baisse le prix du blé dans l’intérieur.

    À un prix moyen de 20 fr., le droit est de 3 fr. 25 c. soit 16 1/4 p. 0/0
    » » 19 » 4 » 75 » 25 »
    » » 17 » 7 » 75 » 45 »
    » » 15 » 10 » 75 » 71 »

    Ce dernier taux de 71 p. 0/0 n’existe que lorsque le prix moyen du blé en France est à quinze francs l’hectolitre, c’est-à-dire seulement dans quelques années consécutives de très grande abondance. Le prix moyen du blé en France, sous l’influence du système actuel et avec de bonnes récoltes, peut se calculer à 17 fr. ; le droit protecteur est alors la moitié du droit accordé aux fers. Au prix moyen de 19 fr., prix qui résulte des récoltes ordinaires, la protection accordée aux céréales est moins du tiers de la protection accordée aux fers.