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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 octobre 1834.


Il était facile de prévoir, et nous avions dès long-temps prévu, la retraite du maréchal Gérard. Son passage au ministère n’est pas un des faits les moins caractéristiques de notre époque, où toutes les pensées honnêtes et nobles semblent frappées d’une mortelle impuissance. Les deux questions qui avaient occupé presque uniquement le maréchal durant sa courte présidence, la réforme des abus et l’amnistie, ne seront pas encore cette fois vidées. La retraite de M. Gérard est significative ; elle veut dire que les pots-de-vin, les marchés scandaleux, les spéculations illicites et les manœuvres du télégraphe seront maintenus comme par le passé ; qu’on restera violent, persécuteur et inexorable envers les opinions vaincues ; que le ministère actuel continuera de satisfaire toutes ses passions d’avidité et de vengeance ; en un mot, qu’il se croit encore assez fort pour braver l’indignation générale excitée par ses actes, et mépriser l’opinion.

Une bande d’écoliers, qui a vu s’éloigner son maître, n’est pas plus joyeuse que ne l’est le ministère depuis que la démission du maréchal Gérard a été acceptée. Ce n’est pas que le maréchal fût un président du conseil bien altier et bien incommode ; mais il voulait les réformes et l’amnistie, et vouloir ces deux choses avec quelque ténacité et quelque suite,