Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
419
LOUIS xiii ET RICHELIEU.

en partie, se laissant manier par des gens de peu, sans expérience ny capacité, n’ayant que leur intérêt ; dont elle revêtoit les volontés et les caprices, et les fantaisies des grands qui courtisoient ces gens de peu, lesquels, pour s’en appuyer, favorisoient leurs intérêts et souvent leurs vues les plus dangereuses sans s’en apercevoir : que cela s’étoit vu sans cesse, depuis la mort de Henry iv ; et sans cesse aussi, un goût en elle de changement de serviteurs et de confidents de tout genre ; n’ayant longuement conservé personne dans sa confiance, depuis le maréchal et la maréchale d’Ancre, et faisant souvent de dangereux choix ; que se livrer à elle pour la conduite de l’Estat seroit se livrer à ses humeurs, à ses vicissitudes, à une succession de hazards de ceux qui la gouverneroient, aussi peu expérimentés ou aussi dangereux les uns que les autres et tous insatiables : qu’après tout ce que le Roy avoit essuyé d’elle et dans leur séparation et dans leur raccommodement, après tout ce qu’il venoit de tenter et d’essayer encore dans l’affaire présente, il avoit rempli le devoir d’un bon fils au-delà de toute mesure, que sa conscience en devoit être en repos, et sa réputation sans tache devant les gens impartiaux, quoi qu’il pust faire désormais ; enfin que sa conscience et sa réputation à l’abri sur les devoirs de fils, exigeoient de luy avec le même empire qu’il se souvînt de ses devoirs de Roy dont il ne compteroit pas moins à Dieu et aux hommes. Qu’il devoit penser qu’il avoit les plus grandes affaires sur les bras, que le parti protestant fumoit encore, que l’affaire de Mantoue n’étoit pas finie ; enfin que le Roy de Suède attiré en Allemagne par les habiles menées du Cardinal y étoit triomphant et commençoit le grand ouvrage si nécessaire à la France de l’abaissement de la maison d’Autriche (il faut remarquer que le Roy de Suède étoit entré en Allemagne au commencement de cette même année 1630, et qu’il y fut tué à la bataille de Lutzen, le 16 novembre 1632) ; que Sa Majesté avoit besoin, pour une heureuse suite de ces grandes affaires et pour en recueillir les fruits, de la même tête qui avoit su les embarquer et les conduire ; du même qui, par l’éclat de ses grandes entreprises, s’était acquis la confiance des alliés de la France, qui ne la donneroient pas à aucun autre au même degré ; et que les ennemis de la France, ravis de se voir aux mains avec une femme et ceux