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cachets. Le style en est assez peu ordinaire pour que nous ne craignions pas de le reproduire littéralement :

« Au nom du Dieu très puissant et très vénéré :

« Le Seigneur, que nous honorons par dessus tout, a donné le talent et le jugement, le sentiment de l’honneur, et la persévérance, la droiture et la bonne volonté à M. de Hammer, l’ornement des hommes distingués parmi les chrétiens, et l’un des personnages les plus honorables de la cour impériale. M. de Hammer est devenu, par ses connaissances, le zénith de la considération, et il s’est signalé à la cour persane par ses nobles intentions, surtout par le commentaire de Marc-Antoine, où il a fait preuve d’autant de science que de justesse d’idées. En conséquence, les rayons de la lumière, les regards du soleil de pureté (le schah), du soleil de la faveur et de la bienveillance sont tombés sur lui, et nous lui avons accordé, dans cette heureuse année du crocodile, la haute distinction de l’ordre du Soleil et du Lion du second degré, et la réputation infinie attachée à ce firman, afin que, se parant de ces marques glorieuses, il poursuive ses grands travaux, et mérite de plus en plus par son habileté et sa droiture le regard que la Bienveillance (le schah) a jeté sur lui.

« Donné dans le Rebiirani de l’année 1248, c’est-à-dire au mois de septembre 1832. »

Après cela, on se sent moins en droit d’accuser l’ignorance actuelle de l’Orient. Si ce diplôme fait honneur à M. de Hammer, il n’en fait guère moins au schah de Perse qui s’en vient de si loin apporter aussi son tribut à la science, et son laurier au mérite.


Le public n’a pas oublié le beau succès de l’Histoire de la grande armée, par le général Ségur. Les deux volumes qu’il vient de nous donner sur Charles viii, roi de France, se distinguent par les mêmes qualités, c’est-à-dire par l’animation, la grandeur, et surtout par le sentiment pittoresque. Ici la réalité, placée plus loin de nous, ne peut guère donner lieu aux mêmes controverses que la campagne de 1812 ; ou du moins si l’on peut contester la justesse de quelques vues, la polémique sera plus paisible et plus désintéressée : d’avance nous pouvons affirmer que l’intérêt de cette lecture ne se dément pas un seul instant. Si toute notre histoire était ainsi écrite, toutes les femmes de vingt ans la sauraient comme elles savent les partitions italiennes. — L’ordonnance des faits et la composition du style seront pour nous l’occasion de remarques sérieuses.


F. BULOZ.