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HISTOIRE NATURELLE.

écume, si on l’examine de près, on trouve une larve d’abord très petite, mais qui, grossissant peu à peu, se transforme en un insecte de la famille des cigales, la cercope écumeuse. Voilà donc les cigales engendrées de la salive de l’oiseau ; maintenant il n’y a nulle difficulté à comprendre comment on aura pris pour des cigales certains insectes ailés, autrefois connus sous le nom de mouches-araignées, insectes qui s’attachent en effet à l’aisselle des oiseaux, et les piquent cruellement.

Isidore de Séville admet, comme on l’a vu, que le coucou émigre chaque année à l’approche de l’automne, et revient au printemps dans nos pays porté sur le dos du milan ; un autre auteur dont on ne connaît ni le nom, ni l’époque précise, explique différemment la disparition de l’oiseau pendant l’hiver, et suppose qu’il se cache dans des trous creusés en terre ou dans l’intérieur des vieux troncs d’arbres. « On l’y trouve quelquefois, dit-il, tout souffreteux, dépouillé de ses plumes et ressemblant plus alors à un crapaud qu’à un oiseau. » Cette opinion se fondait encore sur des observations vraies ; seulement on avait généralisé mal à propos un fait purement exceptionnel.

En admettant l’hibernation du coucou, il fallait supposer, ou bien que l’oiseau passait l’hiver engourdi dans sa retraite, comme les marmottes et les loirs, ou qu’il y vivait, comme les castors, des provisions amassées durant l’été. L’auteur du livre de la Nature des choses se décida pour la dernière opinion. Albert-le-Grand, au contraire, se fondant sur le témoignage de plusieurs personnes qui avaient déterré de ces coucous sans plumes, et n’avaient rencontré dans leur gîte nulle apparence de provision, s’inclina plutôt pour la première. Albert, dans un chapitre très curieux où il traite en général des soins que prennent les oiseaux de leur progéniture, suppose que la femelle du coucou conserve pour son petit, même pendant qu’il est sous la tutelle étrangère, une active sollicitude ; suivant lui, elle visite souvent le nid, voit si la nourriture qu’on lui apporte est suffisante, et à mesure qu’il a besoin d’une plus grande quantité d’alimens, elle trouve moyen de les lui assurer en faisant disparaître successivement les compagnons qui partageaient avec lui la pitance. Nifo, médecin italien qui écrivait vers la fin du XVe et au commencement du XVIe siècle, croit