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HISTOIRE NATURELLE.

deviennent galeux tout comme ceux qui restent abandonnés à leurs propres ressources.

S’il n’est pas permis de croire qu’on ait pris des crapauds pour des coucous, il n’y a pas la même difficulté à supposer qu’on ait confondu ces derniers avec d’autres oiseaux qui ont la même taille et à peu près le même port, avec les engoulevens. Ainsi un poète italien du XVe siècle, Tite Vespasien Strozzi, a évidemment fait cette confusion dans les deux vers suivans, que je ne cite peut-être pas exactement, parce que je n’ai pu recourir à l’original :


Accipitrem cautâ cuccus sic decipit astu,
Dum vagus incertas itque reditque vias.


Ces deux vers peignent très bien le vol irrégulier et capricieux de l’engoulevent, et ne peuvent convenir, au contraire, en aucune façon à celui du coucou.

Par suite de la même confusion, plusieurs observateurs ont été induits à croire que le coucou, au moins dans certaines circonstances, couve ses œufs et élève ses petits. En lisant les différens passages qui ont été cités à l’appui de cette opinion, on voit que le prétendu nid de coucou est toujours à terre ; le plus souvent même il n’y a point de nid, et l’œuf ou le petit repose sur la terre nue ou au milieu d’un tas de feuilles sèches. Or, on sait que l’engoulevent ne fait pas d’autres frais pour loger sa jeune famille ; cette négligence apparente se remarque non-seulement dans l’espèce commune, mais encore dans toutes les espèces étrangères dont on a jusqu’à présent observé les habitudes.

La méprise s’est faite aussi quelquefois en sens inverse, et le pauvre engoulevent, qui était déjà bien assez calomnié, a été accusé encore de ne montrer que de l’indifférence pour sa progéniture. Cette dernière accusation est moins ridicule, mais elle n’est pas moins fausse que celle qui lui a valu le nom de Tette-chevre, sous lequel il est connu en certaines provinces de France.

On ne connaît, dans l’ancien monde, aucun oiseau dont les mœurs ressemblent à celles du coucou, mais il en existe un dans le nouveau continent.