Ô mon tendre amour, idole de mon cœur !
Malheureux ! mais le démon a donc pris possession de toi ?
Oui, depuis le jour où pour la première fois j’admirai vos yeux ; le démon me possède depuis l’instant où vous m’avez enchanté.
Eh bien ! mon idole, qu’est-ce donc ? pourquoi ce désespoir ? Allons, venez ici, près de moi…
Malheureux ! vos paroles criminelles m’épouvantent. — Oh ! j’en mourrai, oh ! j’espère mourir bientôt.
Levez-vous, mon aimée ; point d’emportement. Moi je n’aime et ne veux que la joie. J’aime que l’on se parle avec tendresse et bonheur. — Ne le voyez-vous pas ? je suis affligé, comme vous, de votre affliction ; j’ai le cœur amer et l’esprit triste de vos amertumes et de vos tristesses. — Duchesse, tu es toute mon espérance et tout mon plaisir, toute ma consolation dans mes peines ; tu es mon trésor terrestre, mon plus beau joyau. J’aurai pour toi, si tu le veux, un amour et une fidélité éternelle. — Madame, je vous adorerai encore au moment de mourir.
Mais écoute-moi donc, chérie, mon ange, mon rêve. Mais tu ne m’entends donc pas ? J’en atteste les étoiles et la lune, jamais, jamais sur la terre je n’ai rien chéri comme toi. Je suis joyeux de ta présence, je t’admire, je serai ton amant fidèle, et sans cesse et toujours !…
Vierge, vierge Marie, je te recommande mon ame ! prends-la sous ta protection. — Mais que dis-je ? malheureuse ! Je suis criminelle devant vous, ô mon Dieu ! ah ! délivrez-moi de ce tyran, au nom du sang que Jésus-Christ a versé sur la croix ! Ou bien, mon Dieu, envoyez-moi l’Ancou[1] ; que je meure et que je ne reste pas dans le péché !
Jamais je ne l’avais vue si belle ! — Oh ! madame, vous êtes belle ! pour-
- ↑ La Mort.