Le vicomte Charles Vilain xiv, son fils, entra au contraire avec vigueur dans la guerre que la presse fit au gouvernement hollandais. Ce fut lui qui rédigea la célèbre pétition en faveur de la liberté d’enseignement. Le roi Léopold, à son avénement, le choisit sur les bancs du congrès, où il représentait le Limbourg, pour l’envoyer, comme ministre plénipotentiaire, auprès du Saint-Siége et des gouvernemens d’Italie. Il est aujourd’hui gouverneur de la Flandre orientale, et fait partie de la chambre des représentans. Le vicomte Charles Vilain xiv ne passe pas pour un catholique véritablement convaincu. C’est plutôt chez lui le raisonnement que l’enthousiasme qui agit. Il est de ceux qui pensent que l’élément religieux est plus propre qu’aucun autre à reconstituer la société sur des bases monarchiques.
J’ai dit que les trois familles que je viens de nommer pouvaient être considérées comme la tête du parti catholique aristocratique. Ce n’est pas que l’on doive regarder ces hommes comme les penseurs et les arbitres exclusifs de la cause, mais par les racines qu’ils ont jetées dans le sol, par la puissance de leurs noms, par leurs fortunes, ils forment comme le palladium de la noblesse, derrière lequel vont se retrancher les débris des traditions historiques mutilées par le choc des idées nouvelles.
Il serait difficile d’ailleurs de classer les hommes politiques selon leur mérite réel ou leur influence. En Belgique, plus que partout, la chose est impossible, car là les partis ne sont pas disciplinés : dans aucun camp, il n’y a de chefs reconnus ; on combat à la manière des barbares, tantôt de près, tantôt de loin, sans tactique, sans subordination, sans plans de campagne arrêtés. L’escrime de la plume et de la parole est à peine connue de quelques hommes. On ferraille plutôt qu’on n’académise. Souvent les témoins se mêlent au duel des rivaux ; souvent les champions se réunissent tout à coup pour se tourner contre leurs témoins. C’est que le sujet de la querelle est complexe : il ne s’agit pas seulement, comme je l’ai dit plus haut, des deux grands principes du catholicisme et du libéralisme, car on entend d’une part le catholique M. Dumortier crier au ministre catholique de Theux : Vous nous avez ravi toutes nos libertés, et les libéraux à leur tour reprocher