Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/700

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
696
REVUE DES DEUX MONDES.

Battu sur ce point, M. de Potter prit l’habitude d’arriver le premier aux réunions, et il s’emparait ainsi du fauteuil de présidence, qui de droit n’appartenait à personne, et dont il fit sa chose propre par sa ponctualité à se rendre aux séances une heure entière avant l’heure convenue. Ces petits envahissemens, qui n’avaient rien, du reste, de bien coupable, prirent fin de la manière suivante. En arrivant à son heure habituelle, M. de Potter trouva un soir M. Gendebien installé dans le fauteuil. Il comprit la leçon, et depuis ce temps il renonça à ses projets de dictature. Aujourd’hui M. de Potter a complètement disparu de la scène politique, et M. Gendebien, au contraire, supporte à peu près à lui seul toutes les discussions dans lesquelles l’opinion républicaine se trouve engagée à la chambre ; son thème, du reste, n’est ni long, ni difficile, ni considérablement varié ; il ne sort pas de deux ou trois axiomes qu’il jette à la tête de ses ennemis avec une singulière impétuosité. Son duel avec M. Charles Rogier a fait assez de bruit pour qu’on se le rappelle ; à quarante pas en marchant sur son adversaire M. Gendebien logea une balle de pistolet dans la bouche de l’honorable orateur : singulière façon de le réduire au silence !

Les deux aide-de-camps de M. Gendebien sont MM. Dérobaulx et Séron. À eux trois, ils forment tout le corps d’armée républicaine. M. Dérobaulx est de toute façon inférieur à M. Gendebien, pour l’influence comme pour le talent ; c’est un ancien avocat du barreau de Liége, orateur prolixe, incolore et sans aucune forme littéraire ; il était libéral-unioniste avant la révolution, et depuis, il est devenu l’antagoniste le plus acharné des catholiques. Ce qui distingue éminemment M. Séron, représentant de Philippeville, c’est qu’il est le seul membre de la chambre qui porte un chapeau à cornes, une queue et des bottes à la Souwarow.

§. iv. — PARTI LIBÉRAL D’OPPOSITION.

Nous voici arrivés au parti libéral proprement dit ; nous parlerons d’abord des principaux membres du libéralisme opposant, et nous rejetterons parmi les libéraux gouvernementaux ou ministériels, non-seulement ceux qui marchent dans la ligne du mi-