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M. Jullien l’est peu. On ne connaissait à M. Fallon aucun antécédent politique avant 1830. Il avait cédé le champ à son frère cadet, aujourd’hui président de la cour des comptes, et qui, pendant plusieurs années, s’était assis sur les bancs des états-généraux. M. Fallon n’est pas un discoureur brillant ni chaleureux, mais son vote entraîne d’habitude la partie timide de l’opposition.

En regard de M. Fallon, il faut placer M. Henri de Brouckère, jeune homme plein d’énergie, et le plus élégant orateur de la chambre. M. Henri de Brouckère vota au congrès pour l’élection du roi Léopold, et fut l’un des commissaires envoyés à Londres pour le déterminer à accepter la couronne. Il combattit le traité des 18 articles qui enlevait à la Belgique l’arrondissement de Ruremonde dont il est le représentant, ce qui n’empêcha pas le parti catholique de faire échouer son élection en 1832 dans le même arrondissement. Bruxelles le vengea depuis, et il est demeuré l’un des plus vigoureux champions de l’opposition libérale. C’est lui qui a eu l’honneur de demander le premier en Belgique l’abolition de la peine de mort et la révision du Code pénal. Quoique le succès n’ait pas répondu à ses efforts, sa motion n’en demeure pas moins une protestation du siècle qui se lève contre le siècle qui s’en va, et pour lui-même un beau titre de gloire que l’avenir lui conservera.

En finissant la nomenclature des hommes qui marchent à la tête de l’opposition libérale en Belgique, et après avoir nommé M. Henri de Brouckère, c’est ici le lieu de parler de M. Charles de Brouckère, frère du précédent, quoiqu’il se soit retiré depuis quelque temps du monde politique, et qu’il ne siége même plus parmi les représentans du pays.

M. Charles de Brouckère a été mêlé à toutes les affaires importantes qui se sont débattues en Belgique depuis quatre années. Il a occupé successivement le ministère des finances, celui de l’intérieur et celui de la guerre, et toujours dans les circonstances difficiles, quand les ambitions les plus voraces se tenaient cachées sous la table du festin gouvernemental, craignant que quelque bombe hollandaise ne vint briser les bouteilles et les plats.

Lorsque M. Coghen eut renoncé à diriger les finances d’un coffre vide, c’est M. Charles de Brouckère qu’on vint trouver.