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créé du premier coup une spécialité dans laquelle il lui manque peu pour devenir un maître.

Je me laisserais plus facilement aller à ma sympathie pour M. Brascassat, si l’éclat de son exécution, et la force de modelé qu’il donne à ses animaux, compensaient pour moi l’abus que ce peintre fait des teintes neutres. Les teintes neutres sont à la véritable harmonie des tons ce qu’un fantôme est à un corps. Cette observation n’empêchera pas le taureau de M. Brascassat de produire partout et long-temps un irrésistible effet.

M. Ziégler a conservé dans ses portraits sa puissance d’effet et son extraordinaire habileté à peindre les armures. M. Decaisne nous montre une tête de Mater dolorosa, bien peinte, correctement dessinée, et d’une admirable expression. On remarque d’excellentes têtes d’étude de M. Court, des portraits de M. Bouquet, de M. Mottez, de Mme Rude, conçus dans un sentiment original. M. de Creuse annonce un dessinateur ferme et vrai, M. Henri Scheffer se distingue plus que personne par le sentiment juste de la physionomie. Le modelé de M. Steuben, dans ses portraits, n’est pas moins précieux que par le passé ; mais peut-être a-t-on le droit de le trouver un peu rond. Dans sa Bataille de Waterloo, M. Steuben fait habilement vibrer la corde populaire. On aime à voir, comme gage de promesses qui se soutiennent, une étude de jeune fille, par M. Amiel. Il faut noter M. Gallait parmi les débutans qui donnent des espérances. M. Collin a fait avec talent, sur ce qui reste dans le midi de la France de la race des Gitanes ou Bohémiens, des études curieuses, et dont l’anthropologie profitera. Les progrès de Mme de Léomenil, autrefois Mlle Girard, dans le portrait au pastel, sont tout-à-fait dignes de remarque. M. Henriquel-Dupont se distingue plus qu’à l’ordinaire encore par l’harmonie délicieuse de son exécution. M. Dupré abuse de notre bonne foi : il date de Paris un dessin fait certainement à Athènes. M. Dupré ne fera pas les dupes qu’il s’imagine ; s’il produit des témoins, je les récuse. Non certes, l’inspiration qui fait de tels ouvrages n’est pas une chose qu’il puisse tirer le matin de sa valise comme une pipe de tabac de Salonike.

J’aurais l’air de hasarder une mauvaise plaisanterie si j’osais parler des nouveaux progrès de Mme de Mirbel. Je connais des