Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
292
REVUE DES DEUX MONDES.

leçons pour régler le présent… Il n’est point disposé à nous replonger dans de nouveaux malheurs par de nouveaux essais, en poursuivant la chimère d’une perfection qu’on cherche maintenant à opposer à ce qui est, et qui pourrait favoriser beaucoup les projets des factieux, etc. » Mais les plus célèbres articles du moment, au sujet de Mme de Staël, furent les deux extraits de Fontanes dans le Mercure de France.

La réaction monarchique, religieuse et littéraire, de 1800, se dessinait en effet sur tous les points, se déployait sur toute la ligne. Bonaparte favorisait ce mouvement parce qu’il en devait profiter, et les hommes de ce mouvement ménageaient tous alors Bonaparte qui ne leur était point contraire. Le Journal des Débats restaurait solennellement la critique littéraire, et déclarait dans un article de Geoffroy (30 prairial an viii), que « l’extinction des partis, la tranquillité publique établie sur des bases solides, et un gouvernement fort, sage et modéré, avaient enfin donné au peuple français le loisir de se reconnaître et de recueillir ses idées. » Dussault, Feletz, Delalot, Fiévée, Saint-Victor, l’abbé de Boulogne, écrivaient fréquemment dans ce journal. Le Mercure de France avait été rétabli, ou du moins régénéré, et c’est dans le premier numéro de ce renouvellement que parut le premier article de Fontanes contre Mme de Staël. Avec Fontanes y allaient écrire Laharpe, l’abbé de Vauxelles, Gueneau de Mussy, M. de Bonald, M. de Châteaubriand, plusieurs des écrivains des Débats. Chaque numéro du Mercure était annoncé avec louange par son auxiliaire quotidien qui en donnait de longs extraits. On avait rouvert le Lycée, rue de Valois, et Laharpe y professait contre le xviiie siècle et contre la révolution ses brillantes et sincères palinodies, que les Débats du lendemain et le Mercure de la semaine reproduisaient ou commentaient. « Le chaos formé par dix années de troubles et de confusion se démêle tous les jours, » écrivait-on dans les Débats, et, pour remédier aux désordres du goût, les plus prolongés et les plus rebelles, on proposait le rétablissement de l’ancienne Académie française. M. Michaud, de retour de l’exil où l’avait jeté le 18 fructidor, publiait ses lettres à Delille sur la Pitié, en préparant son poème du Printemps d’un Proscrit, dont il courait à l’avance des citations. À propos de la réimpression faite à