venez fort, vous pouvez compter sur moi. Si vous restez constant, je tiendrai avec vous jusqu’à mon dernier soupir.
Le lendemain, 17 avril, Luther fut conduit, à quatre heures après midi, devant la diète, par le maréchal de l’empire Ulric de Papenheim et le hérault Gaspard Sturm. Une foule immense remplissait les rues et couvrait même les toits. L’encombrement était tel que Luther fut obligé de traverser des maisons et des jardins pour parvenir au lieu de l’assemblée. Pendant qu’il passait au milieu de cette foule, on lui adressait de toutes parts des paroles ou des signes d’encouragement. Arrivé à la porte de la salle, George Frundsberg, l’un des hommes de guerre les plus renommés de l’Allemagne, lui dit en lui frappant sur l’épaule : — Moine, tu vas affronter un danger tel que ni moi, ni aucun capitaine n’en avons couru de pareil dans une bataille. Si, cependant, ton opinion est vraie, et si tu en es bien certain, continue toujours au nom de Dieu, et il ne t’abandonnera pas. Sa personne et sa cause inspiraient un intérêt universel.
La diète était très nombreuse au moment où il y entra. La plupart des électeurs, des princes et des députés des villes impériales, siégeaient sur les bancs assignés aux trois colléges de l’empire, et chacun à son rang avec les marques et d’après l’ordre de sa dignité. Ils avaient tous été attirés à cette séance par une curiosité vive ou une sympathie secrète. L’empereur, placé sur son trône, dans tout l’éclat de sa puissance, entouré de ses ministres et des principaux dignitaires de sa cour, présidait la séance. Plus de cinq mille personnes remplissaient la salle ou en obstruaient les avenues. Luther parut devant cette assemblée imposante avec simplicité, avec respect, mais sans aucun embarras. Il se sentait élevé par la mission à laquelle il se croyait appelé au-dessus de toutes les timidités humaines.
Le maréchal de la diète l’avertit de ne pas parler avant qu’on le questionnât. Ses livres étaient sur une table. Après quelques momens de silence, Jean de Eck, official de l’électorat de Trèves, chargé de l’interroger, lui dit : — « Martin Luther, l’empereur vous a fait appeler pour savoir de vous si vous reconnaissez les livres publiés sous votre nom. » — Le jurisconsulte Jérôme Schurf, qui était placé à côté de lui, réclama la lecture de leurs titres.