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détestez s’est, avec vous, assise au pouvoir, elle vous suit comme une ombre et vous enveloppe de toutes parts.
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« Et c’est vous tous, défenseurs intéressés du monopole et du privilége, vous, fauteurs de l’anarchie sociale, qui nous accusez et qui prétendez nous juger !

« Est-ce donc nous seuls qui avons porté le trouble dans la vieille société et déchiré le vieux pacte social ? Imprudens ! c’est vous, qui, semblables à des larrons, avez porté le trouble et la désolation dans la maison du maître, que vous avez dépouillé et chassé pour vous approprier son bien, que lui-même, dans l’origine des temps, avait usurpé sur le peuple, seul et grand propriétaire naturel de la richesse sociale ; et lorsque la vieille société agonise et meurt dans vos débiles mains, nous voulons, nous, régulariser ce mouvement qui vous déborde de toutes parts. Et de quel droit nous accusez-vous ? N’agissons-nous pas en vertu du même droit que celui en vertu duquel vous avez renversé un pouvoir impopulaire, moins détestable cependant que celui par lequel vous l’avez remplacé ?
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« Accusés d’avril, et traînés devant les hommes qui se croient le droit de nous juger, devons-nous choisir ou accepter des défenseurs ? non, sans doute, et leur incompétence radicale nous en dispense naturellement.

« Accusé d’avril, non, je n’ai point à accepter ou à choisir d’avocat, car la défense en pareille matière toujours est immorale. Qu’on laisse à des criminels l’art mensonger de nier ou défigurer leurs actes… Permis à eux, dans leurs crimes détestables, de chercher à tromper à la fois, s’il se peut, eux-mêmes et le public accusateur par la voie de ses magistrats ; mais un vrai républicain, en l’absence de ses juges naturels (les vrais mandataires du peuple), ne doit chercher de défenseurs que dans sa propre conscience, et, fort de ce conseiller incorruptible, il fera pâlir devant lui ses accusateurs timorés. Cependant, loin de moi l’idée de flétrir l’ordre des avocats ! Oui, par cela seul qu’ils se consacrent à la défense des malheureux, quels qu’ils soient, leur état est honorable.

« Accusé d’avril, seul devant mes accusateurs dorés, fier de mon droit, qui est celui du peuple, confiant dans la cause sacrée de la liberté, je n’attendrai mon jugement que de l’opinion populaire, qui déjà vous