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REVUE. — CHRONIQUE.

Aly-Bey, il est avec ce dernier le seul Européen qui, dans ces derniers temps, ait pu pénétrer, déguisé en pélerin, jusqu’au tombeau du prophète, sans éveiller les soupçons des fidèles, grâce à sa profonde connaissance de la langue du pays. Faisant profession ouverte de l’islamisme, il a pu lever impunément les plans des deux villes saintes, la Mecque et Médine, et cela avec tant d’exactitude, que peu de grandes cités d’Europe nous sont maintenant aussi bien connues. Non content de décrire les édifices sacrés, objets de la vénération des musulmans, et les autres lieux publics, il n’omet aucun détail sur les mœurs des habitans, et cela souvent à propos d’un fait insignifiant qui eût échappé à un observateur moins profond. Ce sont surtout les notes sur les Bédouins qui méritent de fixer l’attention. Il n’a pas, il est vrai, pénétré dans les plaines du Nedjd où vivent leurs principales tribus ; il s’est mis en communication avec eux dans les deux cités saintes, et en a obtenu une foule de renseignemens précieux qui laisseront peu de chose à faire à ses successeurs. M. Léon de Laborde, le dernier voyageur en Arabie, a trouvé le souvenir de Burckhardt encore vivant parmi les Bédouins, que ce dernier avait visités, et il est probable qu’on parlera encore long-temps dans le désert du scheickh Ibrahim. C’est le nom que Burckhardt avait pris en adoptant le costume et les mœurs musulmanes.

Avant de visiter le Hedjaz, ce voyageur, dont on ne peut trop déplorer la perte, avait visité l’Égypte et la Nubie. Ce premier voyage, dont il avait envoyé le récit complet à la société d’Afrique à Londres, a également vu le jour avant celui dont nous parlons en ce moment, et est encore moins connu parmi nous. Il est vivement à désirer que le traducteur de ce dernier, à qui nous devons d’avoir déjà fait passer tant de bons ouvrages de ce genre dans notre langue, veuille bien se charger de ce nouveau travail. Ce serait rendre un service considérable aux amis des sciences géographiques que de leur donner Burckhardt tout entier.


— Il se publie actuellement, sous le titre de Théâtre européen, une nouvelle collection des meilleures pièces des théâtres étrangers, beaucoup plus complète et plus satisfaisante que celle qui a paru sous la restauration. Ainsi la seconde livraison nous donne tout entière la belle pièce de Calderon, le Médecin de son honneur, qu’on ne connaissait qu’imparfaitement. Cette entreprise littéraire ne peut manquer de réussir.


M. Roques vient de publier une nouvelle édition de sa magnifique Phytographie médicale, ou traité des champignons et plantes vénéneuses. Nous en reparlerons prochainement.