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SESSION PARLEMENTAIRE.

répond-on ? « Que voulez-vous ? la dépense est faite ; serait-il raisonnable de la refuser ? Voulez-vous laisser un vide sans le remplir ? » Puis, M. Thiers vient vous jeter quelques gasconnades, comme il a fait à l’occasion de la salle provisoire de la chambre des pairs, pour laquelle on a seulement loué les matériaux sans les acheter définitivement. La chambre vote tout cela avec une docilité vraiment remarquable. Nous avons eu, cette année, des crédits supplémentaires, grands et petits : 25,000,000 pour les États-Unis, et 12,000 francs pour l’installation de M. Persil. On ne s’est fait faute de rien ; on a eu un véritable budget supplémentaire.

Le grand budget, le budget du milliard, comment sera-t-il discuté ? La chambre a étalé un luxe de commissions, et tout cela pour des retranchemens sans importance ; j’en excepte pourtant le budget de la guerre, où l’on rejette plus de 5,000,000, afin de préparer l’abandon d’Alger. La chambre, qui se montre si prodigue, s’arrêtera sans doute sur cette discussion plus grave qu’on ne pense ; il faudra savoir s’il y a des engagemens pris envers les puissances, si le gouvernement français n’a pas lui-même, sous main, favorisé cette opinion qui nous fait désespérer d’Alger, sans avoir essayé des moyens efficaces pour une bonne colonisation. L’examen du budget est toujours imparfait, parce qu’il est fait sans toutes les pièces nécessaires, parce que les commissions s’arrêtent à la superficie, sans aborder franchement le mécanisme administratif. Matériellement parlant, notre comptabilité est admirable ; les chiffres y sont bien groupés, bien alignés ; le vice est au fond des choses, et la chambre n’est pas assez instruite pour pénétrer ce dédale de l’administration intérieure : on lui dit des faits, et sa paresse les accepte avec une merveilleuse facilité.


M. P.