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comme si cette urne eût contenu les cendres de son père. Avant de s’embarquer pour les pays étrangers, il enterra ce dépôt dans sa maison et ne s’ouvrit de cette affaire à personne. Se sentant près de mourir dans une contrée éloignée, il institua un parasite de sa connaissance co-héritier de son fils, lui prescrivant, par une clause formelle de son testament, de montrer fidèlement à Querolus le lieu où était caché le trésor. Il se contenta d’ailleurs de lui indiquer la place où il l’avait déposé. Le rusé parasite s’embarque, vient trouver Querolus et manque à sa parole. Il se donne pour mathématicien, pour magicien, et fait tous les mensonges dont un voleur est capable. Tous les secrets de Querolus ; toutes les affaires domestiques qu’il avait apprises d’Euclion, il lui en parle comme s’il les avait devinées par son art. Querolus donne sa confiance à ce fourbe et le prie de l’aider de ses conseils. Le parasite magicien purifie la maison, c’est-à-dire qu’il la vide ; mais lorsqu’il examine sa capture, il devient dupe de l’ancienne ruse d’Euclion. Trompé par l’apparence, il pense n’avoir entre les mains qu’une urne funéraire et se croit joué. Alors pour se venger, il se glisse furtivement le long de la maison de Querolus et y lance l’urne par une fenêtre. Le vase se brise et au lieu de cendres laisse échapper l’or qu’il contient. Ainsi, le parasite perdit le trésor pour l’avoir voulu cacher contre toute bonne foi et toute probité, et il le rendit après l’avoir cru trop tôt perdu. Instruit de l’évènement, le parasite revole en toute hâte chez Querolus et réclame sa part du legs. Mais, comme après avoir avoué l’enlèvement de l’urne, il ne dit pas l’avoir rapportée, il est d’abord accusé de vol ; puis, quand il dit l’avoir jetée dans la maison, il est accusé de la violation d’un tombeau. Voici le dénouement de la pièce : D’un côté le maître, de l’autre, le parasite reçoivent chacun du sort le prix auquel ils avaient droit. Je te dédie donc, ô Rutilius ! ce livre qui s’honorera de porter ton nom ; vis exempt de tous maux, et que mes vœux et les tiens soient exaucés ! »

À présent que nous avons lu le programme, prêtons l’oreille et regardons : Les musiciens jouent l’ouverture, scabilla concrepant, aulœum tollitur[1] ; la toile se baisse, la pièce va commencer.

  1. Cicero pro Coelio.