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HISTOIRE ET PHILOSOPHIE DE L’ART.

inacceptable ; elles ont autre chose que la blancheur de la peau, et je m’assure qu’un artiste éminent saurait trouver dans de pareils modèles le type d’admirables statues.

La Prière, figure en marbre par Westmacott, témoigne d’une remarquable habileté de ciseau ; mais ce n’est pas un bon ouvrage. La tête n’a rien de l’élévation idéale qu’on voudrait y trouver ; c’est une femme agenouillée, rien de plus. Je me suis demandé pourquoi l’artiste, au lieu de choisir des traits jeunes et purs, des lignes simples et grandes, avait modelé si patiemment un visage de trente ans environ, osseux et sévère ; pourquoi, lorsque, dans la nature ou dans les modèles antiques, il avait de si nobles profils, il avait capricieusement adopté une silhouette sèche et revêche, et je n’ai pu, je l’avoue, deviner les motifs de sa détermination. J’ai surtout étudié avec soin le nez de cette tête ; c’est à peu de chose près celui de la Dauphine ; cette comparaison en dit assez. Les orbites et les paupières sont conçues d’après le même principe. C’est peut-être la copie littérale d’une femme renommée dans un comté de la Grande-Bretagne pour la ferveur et la sincérité de sa dévotion, et si cela est vrai, il y a quelque lieu de croire que la famille et les amis du modèle doivent savoir gré à l’auteur de sa fidélité mais pour nous, qui ne sommes pas dans le secret, notre indulgence désintéressée ne peut aller jusqu’à l’admiration. Une figure allégorique n’a rien à faire avec les détails mesquins de la réalité. Destinée à résumer sous une forme élégante un sentiment ou une idée, elle ne vaut rien dès qu’elle se rapproche trop évidemment des impressions quotidiennes. Ce que je dis du visage de cette statue, je pourrais le dire avec une égale justice des mains et de la draperie. Les plis jetés sur les épaules de cette femme enfouissent le corps et ne le dessinent pas : c’est peut-être les plis d’un plaid exactement copiés, observés et reproduits avec une scrupuleuse attention ; pour moi, je n’y vois rien de souple ni de gracieux, rien qui appartienne naturellement au domaine de la sculpture. Dans cet ouvrage de Westmacott, je n’aperçois ni la simplicité antique, ni la rudesse austère du moyen-âge, ni la coquetterie de la renaissance, mais seulement une trivialité laborieuse.

R. J. Wyatt parait avoir fait de sérieuses tentatives pour atteindre les régions idéales de son art. Son bas-relief monumental