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LETTRES
D’UN
VOYAGEUR.

iv.
À ÉVERARD…

11 avril 1835.


Ton ami le voyageur est arrivé au gîte, sans accident ; il est heureux et fier du souvenir que tu as gardé de lui. Il ne s’en flattait pas trop ; il croyait qu’une ame aussi active, aussi dévorante que la tienne, devait recevoir vivement les moindres impressions, mais les perdre aussi vite, pour faire place à d’autres, d’autant plus que c’est un devoir et une nécessité pour toi d’être ainsi ; tu n’appartiens pas à certains élus, tu appartiens à tous les hommes, ou plutôt tous t’appartiennent. Pauvre homme de génie ! cela doit bien te lasser. Quelle mission que la tienne ! c’est un métier de gardeur de pourceaux ; c’est Apollon chez Admète.