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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/133

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BULLETIN.

Nous venons de lire les Études sur Goëthe[1] par M. Marmier, l’un de nos plus jeunes et de nos plus instruits littérateurs. Après plusieurs séjours en Allemagne et une longue familiarité avec la langue et les hommes de cette contrée, sur laquelle l’attention est si dirigée aujourd’hui, et que MM. Heine et Lerminier viennent de nous représenter dans des ouvrages récens, M. Marmier, bornant son ambition à un moindre but, nous promène en détail à travers les seules œuvres de Goëthe comme à travers un parc étendu et varié, dont il sait les sentiers, dont il connaît chaque arbre mémorable, chaque grotte et chaque statue. Son livre, d’un genre trop peu usité jusqu’ici en France, est d’une forme facile, agréable, abondante, et rappelle bien des études et monographies analogues publiées en Angleterre et en Allemagne : rien de plus propre à faire connaître un écrivain étranger que cette façon de l’exposer en détail, de l’analyser au complet, de vous guider, en un mot, à travers toutes ses œuvres, sans prétention ni fatigue. Chez M. Marmier, le cicerone est peu occupé de lui-même, il ne pense qu’à son auteur, il s’efface devant lui ; et lorsqu’il parle en son nom et pour exprimer ses propres jugemens, c’est toujours d’un ton indulgent et ingénu qui laisse déborder une admiration sentie, et qui se fait pardonner sans peine ce qui quelquefois y manque de plus précis et de plus serré. Un des plus intéressans mérites du livre de M. Marmier est d’offrir, à propos de chaque œuvre de Goëthe, un historique des traditions qui s’y rattachent, une indication des sources où le génie a puisé. Le chapitre de Faust contient ainsi une ample et curieuse collection de témoignages sur ce personnage mystérieux. Les explications que, dans ses mémoires ou dans ses préfaces, Goëthe a lui-même données de ses ouvrages, s’entremêlent avec goût aux analyses qu’en donne M. Marmier, et il en ressort une intelligence vive, simple et non sophistiquée, des procédés et des intentions du grand poète. Nous avons éprouvé surtout ce bon effet dans le chapitre des Romans et à propos des ouvrages si peu compris en France, de Wilhelm Meister et des Affinités électives. Dans le chapitre d’Hermann et Dorothée et des poésies légères, le

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