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PORTRAITS DE ROME.

nes. L’Adone de Marini fut publié en France sous la protection d’une préface de Chapelain… Toute cette première moitié du xviie siècle est donc dominée par les influences italiennes ; aussi les hommes éminens de cette époque voyagent-ils la plupart en Italie comme les hommes du xvie siècle. Voiture et Balzac, les deux soleils de cette aurore du grand siècle, Voiture et Balzac allèrent en Italie ; Scarron visita Rome, ainsi que l’avait fait Rabelais. Au contraire, pas un des hommes célèbres de l’époque de Louis xiv ne mit le pied en Italie et ne vit Rome. En général, cette époque est sédentaire ; sa littérature, profondément nationale, entre peu en contact avec les littératures étrangères ; de là un champ d’idées comparativement rétrécies peut-être, mais aussi une forme parfaitement déterminée, une langue parfaitement française, pas une trace d’accent étranger. Les grands hommes de ce temps ne sortaient guère du pays. Racine et Boileau n’eurent probablement jamais l’idée d’aller visiter cette Rome dont la littérature était l’objet des prédilections de leur goût. Ils la trouvaient telle qu’ils la voulaient peindre dans Tacite et dans Horace, et peut-être au bord du Tibre ne l’auraient-ils pas reconnue. Pendant tout le règne de Louis xiv, nous n’aurons sur Rome que les petits vers de M. de Coulanges, chansonnant saint Pierre et le Colysée.

Dans l’époque antérieure, Balzac est le seul qui nous fournisse quelques passages remarquables sur Rome. Voiture a trouvé le sujet trop sérieux pour sa frivole correspondance. Balzac, qu’on lui associe à tort, était un esprit d’une portée bien supérieure ; Balzac, qui a laissé sur la langue française une empreinte qu’elle porte encore, était sans doute trop amoureux du balancement des périodes et de la symétrie des pensées ; il se laissait trop entraîner à la rhétorique et au bel esprit. Mais Balzac était capable de former des réflexions élevées et de trouver d’énergiques paroles pour les rendre. Chez lui, parfois, le sophiste devient penseur et le rhéteur éloquent. On le retrouve tout entier, avec les défauts et les qualités de son talent, dans ce qu’il a écrit sur Rome.

Commençons par les défauts.

« Au mois où nous sommes (juillet), je cherche tous les remèdes imaginables contre la violence de la chaleur. J’ai un éventail qui lasse la main de mes valets, et fait un vent en ma chambre qui fe-